La France a envoyé 350 soldats supplémentaires à Bangui. Une intervention qui ne s’explique pas par le seul souci de protéger les 1 200 ressortissants français piégés en Centrafrique. Quatre raisons motivent l’implication de la France.
1) Pour faire respecter les droits de l’homme
La France doit s’impliquer dans la crise centrafricaine et contribuer au rétablissement de la paix pour les mêmes raisons qu’elle s’implique dans la crise syrienne. Les troubles à Bangui font courir les mêmes dangers sur le plan humanitaire et les droits de l’homme que la révolte contre Assad. « Le respect des droits de l’homme est une valeur fondamentale de l’Union européenne », a souligné la représentante de l’UE à Bangui en janvier dernier.
2) Pour instaurer une « diplomatie normale »
François Hollande ne cherchera pas à imposer un « plan français », mais un plan de la communauté internationale. Les crises africaines, en Centrafrique ou au Mali, sont désormais l’occasion pour le président français d’affirmer « les obligations internationales de la France » en matière de paix et de sécurité. La France cherche à instaurer enfin une « diplomatie normale » avec l’Afrique qui ne doit plus avoir qu’un lointain rapport avec la politique de la « Françafrique ».
3) Pour liquider le passé
Les liens ont été souvent étroits entre Paris et Bangui, pour le meilleur et pour le pire. Les Centrafricains se souviennent de l’humiliation vécue au moment du sacre de Bokassa 1er, en 1976, avec la bénédiction de Valéry Giscard d’Estaing. À l’époque, François Bozizé était l’aide de camp de l’empereur Bokassa, ce qui lui avait valu d’être promu général à l’âge de 32 ans.
Nicolas Sarkozy ne s’est jamais rendu en Centrafrique sous son mandat, mais il s’est toujours montré compréhensif avec Bangui. Patrick Balkany, député-maire de Levallois, proche de Nicolas Sarkozy, l’était aussi de François Bozizé. Il a souvent voyagé à Bangui sous le précédent mandat, pour favoriser les relations économiques entre les deux pays.
4) Pour protéger ses intérêts économiques
Les échanges commerciaux sont peu importants et les entreprises françaises peu nombreuses. Mais la France reste le premier investisseur en Centrafrique. En dépit de l’instabilité politique et des risques sécuritaires, Air France, Bolloré (logistique et transport fluvial), Castel (boissons et sucre), Total (stockage et distribution des produits pétroliers), CFAO (distribution automobile) ont maintenu leurs implantations en RCA. L’arrivée en 2007 de France Télécom dans la téléphonie mobile marque un certain intérêt des investisseurs français.
La France a aussi des intérêts stratégiques français dans le secteur minier centrafricain à préserver. Le groupe nucléaire Areva a signé en août 2008 avec le pouvoir de François Bozizé, un contrat de 18 milliards de Francs CFA (27 millions d’euros) sur 5 ans portant sur le projet du gisement d’uranium de Bakouma situé 100 km à 900 km au nord-est de Bangui.
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