Alors que le régime de Bachar al-Assad réprime depuis plus de sept mois la contestation dans le sang, la Ligue arabe attend ce lundi à Doha une réponse à son plan. Un plan qui prévoit notamment, a détaillé le secrétaire général de la Ligue, Nabil al-Arabi "le retrait des chars, l'arrêt immédiat de la violence pour adresser un message rassurant la rue syrienne". Il a ajouté que le document stipulait aussi "l'amorce au Caire d'un dialogue national entre toutes les composantes de l'opposition et le régime", alors que ce dernier était jusqu'ici réticent à l'idée d'un dialogue avec l'opposition à l'étranger. Cette idée d'un dialogue national avait été présentée mercredi dernier lors d'une rencontre à Damas entre Bachar al-Assad et le comité ministériel arabe, conduit par le Premier ministre du Qatar. Mais quelle que soit la réponse syrienne, le comité ministériel de la Ligue a prévu de se réunir mercredi prochain au Caire, pour faire le point sur les tractations en cours avec Damas.
Pour le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, tout doit être fait "pour empêcher ce qui est arrivé dans d'autres pays". Allusion transparente à la Libye, où une intervention occidentale en soutien à la révolte populaire a fini par aboutir à un changement de régime, l'ancien Guide libyen, Mouammar Kadhafi, figurant au nombre des victimes de cette guerre. "L'ensemble de la région est exposée à une grande tempête. Et il importe que les dirigeants sachent comment se comporter (mais) pas par des tergiversations et des tromperies", a averti le responsable qatari.
Assad menace
Mais le bain de sang se poursuit : alors qu'un nouveau mort a été signalé lundi matin par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme à Homs, l'un des foyers de la contestation, les derniers bilans au sein de l'opposition syrienne évoquent plus de 60 civils et 30 soldats tués lors des affrontement au cours des seuls trois derniers jours. Les responsables de l'opposition estiment que les offres de dialogue faites jusqu'à présent par Assad ne sont pas sérieuses, les arrestations, les cas de torture, les disparitions et les assassinats de militants s'étant multipliés récemment. Fait symptomatique, l'émissaire chinois au Proche-Orient a appelé les dirigeants de Damas à accélérer la mise en place des réformes promises par Bachar al Assad, estimant que la situation devient dangereuse et que le bain de sang ne peut plus continuer. La Chine avait pourtant, tout comme la Russie, autre membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, opposé le 4 octobre dernier son veto à un projet de résolution des pays occidentaux menaçant Damas de "mesures ciblées".
Bien que son pays n'ait pas été sanctionné par le Conseil de sécurité des Nations unies, Assad est conscient de la pression croissante en provenance des pays occidentaux. Aussi, a-t-il décidé de faire montre de fermeté face à la tentation pour l'Occident de mettre sur pied une opération similaire à celle organisée en Libye. Dans un entretien publié dimanche par le journal britannique Sunday Telegraph, il affirme que les Occidentaux provoqueraient un "séisme" au Proche-Orient s'ils intervenaient en Syrie.
Dans cet entretien, le chef de l'Etat syrien rappelle notamment que la Syrie est un "élément central désormais dans la région", où elle partage une frontière avec Israël, le Liban, la Turquie, l'Irak et la Jordanie. "Il existe une ligne de faille et, si vous jouez avec le sol, vous risquez de provoquer un séisme", affirme Assad. "Voulez-vous connaître un nouvel Afghanistan ou même des dizaines d'Afghanistan ? Un problème en Syrie embrasera toute la région. Si l'idée est de diviser la Syrie, cela reviendra à diviser toute la région", menace-t-il. Le blocage et la tension ambiants ne semblent pourtant pouvoir céder que sous les effets de sanctions occidentales ou d'une rébellion plus marquée au sein des forces armées et de la police.
http://lci.tf1.fr/monde/moyen-orient/repression-en-syrie-ce-que-reclame-la-ligue-arabe-6798669.html
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