Le domicile du préfet Jean-Claude Aurousseau a fait l'objet d'une perquisition le 24 novembre dernier dans le cadre du volet financier de l'affaire Karachi. Président de l'association de financement de la campagne du candidat à la présidentielle (Aficeb) de 1995, Edouard Balladur, il a même été placé en garde de vue. Dans sa cave, les policiers ont trouvé les archives de l'association. Le Journal du Dimanche (JDD) révèle dimanche quelques éléments de ces documents, prouvant que les comptes ont été truqués. Trois procès-verbaux ont été rédigés à partir de ces archives par la division nationale des investigations financières (DNIF).
Premier élément révélé par l'hebdomadaire, le préfet Aurousseau était bien au courant du plafond de dépenses fixé à 90 millions de francs pour les candidats au premier tour. Selon les enquêteurs cités par le JDD, «les engagements ont été dépassé de 17 millions de francs» au 20 mars 1995, à un mois du premier tour. Les recettes ne sont pas au rendez-vous, occasionnant un déficit. Selon la DNIF, «si les recettes n'avaient pas été réévaluées, le déficit aurait pu atteindre éventuellement 30 millions de francs». De quoi crédibiliser la thèse de fonds spéciaux ou de rétro-commissions pour équilibrer les comptes.
Le préfet nie avoir eu connaissance de fonds spéciaux
Placé en garde de vue le 7 décembre dernier, M. Aurousseau dit avoir «attiré l'attention» sur les dépenses trop importantes de la campagne. Tout juste a-t-il avoué avoir constaté que les dépenses augmentaient en même temps que les sondages étaient moins bons pour Edouard Balladur. De quoi mettre le doute sur la validation des comptes de campagne par le Conseil constitutionnel. L'ex-conseiller à la Cour des comptes a par contre fermement nié avoir eu connaissance de fonds spéciaux en provenance de Matignon, mis à part «une enveloppe pour compenser mes "primes activités" de la Cour des comptes sur quatre mois».
Cité par le JDD, l'ancien préfet a expliqué aux policiers qu'il découvrait les quelques 5,2 millions de francs dépensés en liquide notamment pour l'organisation de meetings, ajoutant «ces sommes me paraissent mirobolantes». L'ancien préfet n'était selon ses dires au courant de rien, ne donnant pas plus d'informations sur des sommes d'argent mystérieuses inscrites dans ses carnets manuscrits.
Dans l'affaire Karachi, les juges d'instruction Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire cherchent à savoir si des commissions, versées en marge de contrats d'armement conclus en 1994 avec le Pakistan (sous-marins Agosta) et l'Arabie saoudite (frégates Sawari II), ont donné lieu à des rétrocommissions qui auraient financé la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. Après la mise en examen de l'ex-ministre Renaud Donnedieu de Vabres, les auditions de l'ancien ministre de la Défense François Léotard et de M. Balladur semblent incontournables. Mais les deux juges pourraient confier cette tâche à la Cour de justice de la République (CJR), seule à même de juger des faits commis par des membres du gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions.
http://www.leparisien.fr/affaire-karachi/karachi-les-comptes-de-la-campagne-balladur-dans-la-cave-d-un-prefet-08-01-2012-1802193.php
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