Dans quel cadre ont été réalisées ces écoutes?
Cette affaire est en quelque sorte un «dommage collatéral» de l’affaire du présumé financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, qui a débuté en avril 2013. En effet, ce sont les deux juges chargés de cette enquête financière qui décident de placer l’ex-chef de l’Etat sur écoute en septembre 2013. Et c’est dans ce cadre qu’ils interceptent des conversations qui laissent suggérer un présumé trafic d’influence de la part de Nicolas Sarkozy dans un autre dossier. En février 2014, une nouvelle information judiciaire est ouverte pour violation du secret de l’instruction et trafic d’influence.Pourquoi ces écoutes sont embarrassantes?
La première conversation qui leur met la puce à l’oreille, en janvier 2013, montre que les deux hommes sont un peu trop bien renseignés sur une procédure couverte par le secret en cours à la Cour de cassation sur l’affaire Bettencourt, où Nicolas Sarkozy est cité. Les écoutes montrent clairement par la suite que pour se renseigner, ils ont pu compter sur le premier avocat général à la Cour de cassation, Gilbert Azibert «parce qu’il a eu accès à l’avis» du rapporteur pourtant confidentiel, explique Me Herzog. Un haut magistrat à qui ils auraient promis, en échange, d’activer leurs réseaux pour obtenir une promotion à Monaco.Nicolas Sarkozy savait-il qu’il était sur écoute?
Oui mais non ou peut-être. Oui, il se savait écouté sur sa ligne officielle, ou du moins le craignait-il puisqu'il évoquait ses dossiers sensibles sur une deuxième ligne de téléphone, ouverte sous un nom d’emprunt, le fameux Paul Bismuth. Dans une conversation du 11 février 2014 sur leurs portables non-officiels, Sarkozy et Herzog se mettent d’accord pour se rappeler sur la ligne officielle de Nicolas Sarkozy, qu’ils savent surveillée pour mettre en scène une conversation. Nicolas Sarkozy se permettant même d’ironiser sur «ces messieurs qui nous écoutent». Aux enquêteurs, il a expliqué qu’il communiquait avec son avocat de cette manière depuis 2012 par souci de confidentialité. Mais Nicolas Sarkozy a-t-il su à un moment que cette deuxième ligne était écoutée? C'est ce que tentent de déterminer les deux juges d'instruction.Les écoutes prouvent-elles qu’il a aidé le juge Azibert?
Non, mais pour le chef d’accusation de «corruption active», l’intention vaut l’action. Les enquêteurs pensent même que c’est parce que les deux hommes sont finalement au courant que leurs téléphones non-officiels sont sur écoute qu’il y a un tel revirement. Car dans quatre écoutes début février, Nicolas Sarkozy répète à plusieurs reprises qu'il aidera Gilbert Azibert. Mais subitement, le 26 février, Sarkozy fait un pas en arrière: «ça m'embête de demander quelque chose» pour quelqu'un qu'il ne connaît pas bien, selon la source.Comment le camp Sarkozy veut obtenir l’invalidité de ses écoutes?
Me Herzog et Nicolas Sarkozy comptent notamment sur la notion de «violation du secret professionnel». Ce sont d’ailleurs les avocats qui se sont mobilisés quasiment le plus vite sur ce point qui stipule que toute conversation entre un client et son avocat est soumis au principe de confidentialité et ne peut être retranscrite. Seule exception: si l’avocat est soupçonné d’une infraction, ce qui n’était vraisemblablement pas le cas ici. Et dans ce cas, le bâtonnier doit alors être averti, ce qui n’a pas été fait. Ces pourquoi certains avocats ont parlé de «détournement de procédure». Du côté de la justice, on rétorque que c’est le portable de Nicolas Sarkozy qui était mis sur écoute, et non celui de Me Herzog, renvoyant pour le reste au secret de l’instruction.http://www.20minutes.fr/societe/1554511-20150304-ecoutes-sarkozy-lumiere-affaire-embarrasse-ancien-president
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