Des avions britanniques ont bombardé dans la nuit le QG de la ville natale du dirigeant libyen en fuite Mouammar Kadhafi à Syrte, a annoncé vendredi 26 août le ministère britannique de la Défense dans un communiqué.
"Aux alentours de minuit (heure de Londres), une formation de Tornado venant de la base britannique de Marham dans le Norfolk a tiré des missiles guidés de précision Storm Shadow contre un important bunker-quartier général dans la ville natale de Kadhafi à Syrte", a indiqué le ministère.
Selon le quotidien Daily Telegraph, des membres des forces spéciales britanniques sont également déployés sur le terrain en Libye, essentiellement pour rechercher le colonel Kadhafi, mais les autorités n'ont pas confirmé l'information.
L'artillerie du régime presque neutralisée
Syrte, située à 360 km à l'est de Tripoli, est un bastion du régime, et selon les rebelles, l'un des refuges possibles pour le leader traqué.
Dans la nuit, la page Facebook de la télévision d'Etat libyenne avait annoncé que les rebelles tentaient de progresser vers Syrte qui était bombardée par l'Otan.
L'Otan "bombarde en ce moment la ville de Syrte", avait déclaré la télévision sans plus de précision.
L'aviation britannique a en outre détruit jeudi matin "une des dernières installations de missiles sol-air longue portée du colonel Kadhafi près d'Al Watiyah, non loin de la frontière tunisienne", selon le ministère britannique de la Défense.
Jeudi après-midi, des Tornado et des Eurofighters britanniques avaient aussi détruit un "noeud de commandement et de contrôle qui restait aux mains du régime sur la route au sud de Tripoli, menant à l'aéroport international".
Investissement de l'ONU
A New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a accepté de débloquer 1,5 milliard de dollars d'avoirs libyens pour aider les rebelles à la reconstruction du pays.
Le CNT, qui a pris mardi le contrôle du QG de Mouammar Kadhafi à Tripoli, a réclamé une aide d'urgence de 5 milliards de dollars à débloquer sur les avoirs libyens gelés, mercredi au cours d'une réunion à Doha du Groupe de contact.
Le "gouvernement" des rebelles, le comité exécutif du Conseil national de transition (CNT), jusque là installé à Benghazi, a été transféré à Tripoli, a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi Ali Tahouni, son vice-président.
Huit hauts responsables du CNT sont arrivés jeudi dans la capitale pour préparer la transition politique, a annoncé de son côté un porte-parole du CNT, Mahmoud Chammam.
L'Otan continue ses bombardements
Dans la ville, les rebelles combattaient les pro-kadhafi dans quelques poches de résistance. Sur le front Est, il tentaient de progresser vers Syrte qui était bombardée par l'Otan, selon la page Facebook de la télévision d'Etat.
L'Otan "bombarde en ce moment la ville de Syrte", a indiqué la télévision sans plus de précision. Syrte, région natale de Kadhafi, est un bastion du régime et, selon les rebelles, un des refuges possibles pour le leader traqué.
"Il faut résister contre ces rats d'ennemis, qui seront vaincus grâce à la lutte armée", a déclaré le colonel Kadhafi dans un enregistrement diffusé par la chaîne satellitaire Arrai, basée en Syrie, appelant ses partisans à libérer Tripoli.
La diffusion de ce message intervient cinq jours après l'entrée des rebelles dimanche dans la capitale et quarante-huit heures après la prise de contrôle mardi de Bab al-Aziziya, le vaste complexe résidentiel du colonel Kadhafi.
"Violence extrémiste"
A Washington, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a appelé jeudi les rebelles libyens à se montrer fermes face à la "violence extrémiste" et estimé que les prochains jours et semaines seront "critiques" en Libye.
"Il est clair que l'ère Kadhafi touche à sa fin", a-t-elle déclaré dans un communiqué, appelant "Kadhafi, sa famille, et les gens qui le soutiennent à mettre fin à leur violence".
Sur le plan financier, les rebelles ont obtenu le feu vert de l'ONU pour une aide réclamée d'urgence destinée à la reconstruction du pays dont l'économie est exsangue après plus de six mois de conflit.
Le Conseil de sécurité a accepté de débloquer 1,5 milliard de dollars d'avoirs libyens gelés, ont indiqué des diplomates.
La somme de 1,5 milliard de dollars est retenue par les Etats-Unis, qui veulent envoyer 500 millions de dollars à des groupes humanitaires internationaux, 500 millions au CNT pour payer des salaires et des services essentiels et 500 millions à un fonds international pour la Libye pour acheter du carburant et d'autres biens de première nécessité.
Dégel des avoirs
Rome a annoncé pour sa part avoir donné l'ordre "pour le dégel d'une première tranche des avoirs libyens à hauteur de 350 millions d'euros".
A Benghazi, fief des rebelles dans l'est du pays, Moustapha Abdeljalil, chef du CNT, avait auparavant promis de récompenser, lors de la reconstruction du pays, les Etats ayant aidé la Libye "en fonction du soutien" qu'ils ont apporté aux insurgés.
Dans Tripoli, après plusieurs heures de combats intenses, les rebelles ont réussi à prendre le contrôle d'Abou Salim, un quartier du sud de la ville proche de Bal al-Aziziya, mais les combats se sont déplacés dans le secteur voisin de Machrour, a indiqué le chef d'un bataillon de combattants.
Une récompense de 1,7 millions de dollars
Après avoir pris le contrôle de Bab al-Aziziya, les rebelles cherchaient en effet surtout à mettre la main sur Mouammar Kadhafi et ses fils, toujours introuvables jeudi.
Pour l'ancien numéro deux du régime libyen, Abdessalem Jalloud, "il n'a plus que quatre personnes autour de lui, il y a deux possibilités: soit il se cache dans la partie méridionale de Tripoli, soit il est déjà parti depuis un certain temps", a-t-il déclaré à la presse à Rome.
Bab al-Aziziya était livrée aux pilleurs, selon un journaliste de l'AFP. Dans ses entrailles, des kilomètres de tunnels et de salles se succèdent, véritable labyrinthe où l'on entre par des trappes dissimulées un peu partout.
Pour encourager à la capture de l'ancien "Guide" libyen, les rebelles ont offert une récompense de près de 1,7 million de dollars à quiconque permettrait de le retrouver, vivant ou mort.
"20.000 morts depuis mi-février"
Dans l'Ouest, Zouara était toujours contrôlée par la rébellion mais reste encerclée par les forces loyalistes, ont indiqué jeudi à l'AFP des rebelles de Sobratah qui s'apprêtent à désenclaver cette ville.
Dans l'extrême sud-saharien, les rebelles libyens ont annoncé avoir pris le contrôle de la localité d'Al-Wyg, "stratégique, notamment car elle abrite une piste d'atterrissage", selon une source rebelle.
Selon M. Abdeljalil, le conflit en Libye a fait "plus de 20.000 morts" depuis le début mi-février de l'insurrection.
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110826.OBS9196/libye-la-grande-bretagne-bombarde-la-ville-natale-de-kadhafi.html
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