"Une machine répressive contre l'opposition". Ce sont les mots choisis par l'opposante ukrainienne et ancien Premier ministre, Ioulia Timochenko, pour dénoncer son incarcération depuis une semaine dans le cadre d'un procès pour abus de pouvoir. Et la dénonciation d'un procès politique risque de se poursuivre alors que la cour d'appel de Kiev a refusé, vendredi 12 août, de la remettre en liberté, rejetant une requête en ce sens déposée par la défense.
"Il n'y a aucune raison légale d'examiner ce recours", a déclaré la juge, Olga Efimova. "La cour estime que la requête n'est pas recevable. Cette décision ne peut pas faire l'objet d'appel", a t-elle ajouté. Ioulia Timochenko a saisi la cour d'appel de Kiev pour contester son maintien en détention décidé par le tribunal qui la juge depuis le 24 juin.
Les dessous politiques d'une affaire de gaz
La candidate malheureuse à la présidentielle ukrainienne de 2010 contre Viktor Ianoukovitch est accusée d'avoir outrepassé ses pouvoirs de Premier ministre en 2009 en autorisant, sans l'approbation du gouvernement, la signature de contrats sur l'importation de gaz russe à un prix jugé désavantageux pour Kiev. Le tribunal a décidé de l'incarcérer le 5 août après qu'elle a accusé de "corruption" le chef du gouvernement, Mykola Azarov, venu témoigner contre elle.
Son procès, qui suscite de vives critiques au sein de la communauté internationale pour "ses apparences de persécutions avec des motivations politiques" dixit les Etats-Unis, a un impact certain sur la vie politique ukrainienne. Son ancien allié lors de la révolution pro-occidentale en Ukraine en 2004 et aujourd'hui Président, Viktor Ianoukovitch a rejeté les appels à intervenir après son placement en détention provisoire. "Le système judiciaire ukrainien est indépendant et impartial, et il s'appuie exclusivement sur la Constitution et les lois ukrainiennes. Je ne peux pas et ne vais pas m'ingérer dans les travaux des tribunaux ukrainiens", a t-il expliqué. Se souhaitant "garant de la Constitution ukrainienne", il a ajouté que "toute ingérence politique ou autre dans les activités des tribunaux est inadmissible".
Timochenko-Ianoukovitch : hier alliés, aujourd'hui ennemis
Une ingérence que la femme politique, reconnaissable à sa tresse blonde, estime avoir précédé son placement en détention provisoire. "Ils ne manquent pas de goujaterie lorsqu'ils demandent de placer en détention la personne que le président n'aime pas et ne veut pas voir en tant que concurrente", a-t-elle ajouté. Les deux ont été alliés pendant la Révolution orange, soulèvement populaire pro-occidental de 2004 qui les a portés au pouvoir, avant de devenir ennemis jurés.
C'est la seconde fois que la charismatique Ioulia Timochenko a affaire à la justice ukrainienne. A la tête d'une importante compagnie énergétique, qui obtint le monopole sur l'importation du gaz russe en Ukraine, après l'indépendance du pays en 1991, elle fut poursuivie pour le versement présumé de pots-de-vin à des responsables du ministère russe de la Défense. L'affaire a été close en 2005 dans des circonstances obscures, après la Révolution de fin 2004 qui la porte au poste de chef du gouvernement aux côtés de Viktor Ioukanovitch, avec lequel elle s'entre-déchire à coups d'accusations de corruption.
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