La tension montait mercredi entre les Etats-Unis et l'Iran, qui, accusé la veille par Washington d'avoir fomenté un attentat sur le sol américain contre l'ambassadeur d'Arabie saoudite, a rejeté avec véhémence une affaire montée, selon Téhéran, de toutes pièces.
Washington ayant averti qu'il tiendrait l'Iran "responsable" de ce complot, l'ambassadeur iranien à l'ONU Mohammad Khazaee a rapidement qualifié ces accusations américaines de "conspiration diabolique" dans une lettre adressée mardi aux Nations Unies.
"Dans les termes les plus forts et catégoriquement, l'Iran condamne cette accusation honteuse des autorités américaines et la considère comme une conspiration diabolique bien orchestrée en droite ligne de leur politique anti-iranienne", a estimé l'ambassadeur dans sa lettre adressée au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et au Conseil de sécurité.
Le New York Times, citant une source anonyme proche de l'enquête, a affirmé mercredi que les auteurs du complot prévoyaient de payer un cartel mexicain de la drogue pour faire sauter l'ambassade d'Israël à Washington et celles d'Israël et d'Arabie saoudite à Buenos Aires.
Le ministre américain de la Justice Eric Holder avait annoncé mardi l'inculpation de deux ressortissants iraniens accusés d'avoir tenté d'assassiner l'ambassadeur Abdel Al-Jubeir, proche conseiller du roi Abdallah. La Maison Blanche a fait savoir que le président Barack Obama avait téléphoné à l'ambassadeur pour lui témoigner sa "solidarité".
Lors de cette conversation, "le président a souligné que les Etats-Unis estiment que ce complot constitue une violation flagrante des lois américaines et internationales", selon la présidence américaine.
D'après M. Holder, le complot était "conçu, organisé et dirigé par l'Iran". "Les Etats-Unis s'engagent à tenir l'Iran responsable de ses actions", a-t-il promis.
Reflétant la montée de la tension, le département d'Etat américain a lancé une "alerte mondiale" au terrorisme sur son site internet de recommandation aux voyageurs.
Selon lui, le complot présumé "peut être le signe d'une focalisation plus agressive des autorités iraniennes sur des activités terroristes contre les diplomates de certains pays, y compris contre les Etats-Unis".
"Les citoyens américains résidant et voyageant à l'étranger devraient tenir compte des conseils de précaution du département d'Etat et d'autres informations aux voyageurs avant de décider de leurs déplacements et de leurs activités", ajoute-t-il.
Un proche collaborateur du président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait dans un premier temps immédiatement rejeté ces accusations, parlant de "scénario fabriqué de toutes pièces afin de détourner l'attention de l'opinion publique américaine des problèmes internes des Etats-Unis".
Téhéran a aussi accusé Washington de chercher à semer la division dans le monde musulman. L'ambassade d'Arabie aux Etats-Unis a d'ailleurs dénoncé "une violation odieuse" des conventions internationales et exprimé sa "gratitude" aux Etats-Unis pour avoir déjoué l'attentat.
Selon M. Holder, le projet d'assassiner l'ambassadeur saoudien a été approuvé par Téhéran, et tout particulièrement par la direction des Brigades Al Qods, forces spéciales chargées notamment des basses oeuvres des Gardiens de la Révolution, le corps d'élite de la République islamique.
Alors que les Etats-Unis et l'Iran n'ont plus de relations diplomatiques depuis 30 ans, l'administration américaine veut "faire passer très fortement le message que ce genre d'action (...) doit cesser", a réagi la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.
La chef de la diplomatie américaine a promis de "consulter les amis" de l'Amérique: "D'autres domaines seront envisagés dans lesquels nous pouvons coopérer plus étroitement afin d'envoyer un message fort à l'Iran, et l'isoler encore plus de la communauté internationale".
Les deux suspects poursuivis aux Etats-Unis sont accusés d'avoir préparé l'attentat depuis mai dernier.
Manssor Arbabsiar, 56 ans, qui dispose de la double nationalité américaine et iranienne, a été arrêté le 29 septembre à l'aéroport Kennedy de New York, selon le ministère de la Justice. Un membre des Brigades Al Qods, Gholam Shakuri, n'a en revanche pas été arrêté.
Les deux hommes sont poursuivis notamment pour "conspiration en vue de tuer un responsable étranger", "utilisation d'une arme de destruction massive (des explosifs)" et "conspiration en vue de commettre un acte de terrorisme international". Après son arrestation, Arbabsiar aurait admis sa participation au complot, selon le ministère de la Justice. Il aurait confié avoir été "recruté, payé et dirigé par des hommes qu'il pensait être des hauts responsables des Qods".
L'attentat a été déjoué car Arbabsiar aurait rencontré à plusieurs reprises un informateur américain qu'il croyait être membre d'un cartel de la drogue mexicain. Ce dernier lui aurait proposé d'organiser l'attentat pour la somme de 1,5 million de dollars. Arbabsiar aurait ensuite viré 100.000 dollars sur un compte en banque américain au titre d'acompte.
Le procureur de New York Preet Bharara a rapporté que lorsqu'on lui avait dit que l'attentat pourrait se dérouler dans un restaurant occupé par 150 personnes, un des suspects aurait déclaré: "ce n'est pas bien grave".
Un haut responsable américain a indiqué que l'assassinat aurait pu être suivi par plusieurs autres attentats.
http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20111012.AFP5391/complot-iranien-aux-etats-unis-la-tension-monte-entre-washington-et-l-iran.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire