Après Thierry Gaubert mercredi soir, le juge Renaud Van Ruymbeke a décidé de la mise en examen de l'ancien directeur de campagne d'Edouard Balladur, Nicolas Bazire, dans le volet financier du dossier Karachi. L'homme âgé de 47 ans est poursuivi pour complicité d'abus de biens sociaux et a été laissé en liberté sans contrôle judiciaire. Le magistrat enquête sur un éventuel financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 par le biais de rétrocommissions versées dans le cadre de contrats d'armement.
Nicolas Bazire a fait part de son "absence totale d'implication" dans la signature de contrats d'armement au coeur de l'enquête, a déclaré à l'AFP son avocat Jean-Yves Liénard. Il a également jugé "fantaisistes" les témoignanges selon lesquels il aurait reçu des valises de billets en provenance de Suisse durant la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, dont il était le directeur de campagne.
Des valises "volumineuses de billets"
Le nom de Nicolas Bazire – qui fut également le témoin de mariage de Nicolas Sarkozy – a été cité devant le juge par plusieurs témoins. Ils affirment que l'ancien directeur de campagne possédait un coffre-fort dans son bureau destiné à entreposer "les grosses sommes". Jeudi matin, après cette mise en examen, le titre du géant mondial du luxe LVMH – Nicolas Bazire est membre du comité exécutif – était en chute à la Bourse de Paris, affecté par la dégringolade du marché.
Mais certaines révélations ont été données aux enquêteurs par les anciennes compagnes de Thierry Gaubert, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, et Ziad Takieddine, intermédiaire dans des contrats d'armement. En effet, la princesse Hélène de Yougoslavie a indiqué, selon Le Nouvel Obs, que son mari – dont elle est séparée et qui a été mis en examen mercredi – a accompagné en Suisse l'homme d'affaires Ziad Takieddine pour aller chercher des valises "volumineuses de billets" durant la période 1994-95. D'après elle, c'est Nicolas Bazire qui, ensuite, rapportait les "mallettes" en France.
D'autres révélations émanent aussi de l'ancienne épouse de Ziad Takieddine, Nicola Johnson, qui a témoigné devant les enquêteurs. Parallèlement, des documents et des photos sur le patrimoine, mais aussi sur les négociations de contrats d'armement et les fréquentations politiques de son ex-mari ont été révélés par Mediapart. Le patrimoine, évalué à une centaine de millions d'euros, comporte notamment un prestigieux hôtel particulier dans le XVIe arrondissement de Paris, une villa au cap d'Antibes et une autre à Londres. Ziad Takieddine a également été mis en examen le 14 septembre pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux" dans cette affaire.
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