vendredi 3 décembre 2010

EXCLUSIF - AFFAIRE KARACHI - François Léotard croit à une vengeance liée aux commissions

Article publié le 8 juin 2010




Au cours de son audition par la mission d'information parlementaire sur l'attentat de Karachi, l'ancien ministre de la Défense François Léotard a privilégié l'hypothèse d'une "vengeance de personnes n'ayant pas touché leur part de commissions" comme mobile de l'attaque terroriste qui tua onze Français en 2002. M. Léotard avait été convoqué par les députés le 24 novembre 2009. Selon le compte rendu de cette audition - qui n'a pas été publié avec le rapport parlementaire -, il a en revanche écarté le soupçon de "rétrocommissions" en marge de la vente de sous-marins au Pakistan, en 1994.


Après son élection en 1995, Jacques Chirac avait ordonné l'arrêt des versements de commissions sur plusieurs marchés d'armement, parce qu'il soupçonnait l'existence d'un circuit de financement occulte au profit de son ancien rival, Édouard Balladur.


"En ce qui concerne les commissions financières que vous avez évoquées, je ne pense pas que nous ayons dérogé à la loi", a-t-il affirmé en réponse au rapporteur de la mission, le député (PS) Bernard Cazeneuve. "Dans de telles négociations, a-t-il ajouté, apparaissent toujours des gens qui se présentent comme des intermédiaires. Ces derniers ont rencontré mes collaborateurs, ainsi que ceux du président de la République [à l'époque, François Mitterrand] et du premier ministre [Édouard Balladur]". L'ancien ministre est allé jusqu'à préciser avoir "toujours informé l'Élysée et Matignon du nom des intermédiaires" dans les contrats d'armement. Avec cette précision : "La concurrence jouait pour tous les contrats d'armement. En l'espèce, nos commissions ont sans doute été décisives."


Léotard minimise son rôle




Au député Cazeneuve, qui lui demandait s'il pouvait citer les noms des intermédiaires mandatés par la Direction des constructions navales (DCN) pour négocier le contrat pakistanais, M. Léotard a répondu qu'il se souvenait "seulement de M. Takieddine". Sur ce point, il contredit donc nettement les affirmations de ce dernier, qui a assuré à la justice et dans la presse n'avoir "rien eu à voir" avec la vente des sous-marins et a démenti avoir touché la moindre commission sur ce marché.


Les intermédiaires "étaient recommandés par le gouvernement pakistanais, mais faisaient l'objet de vérifications par les services de renseignements français, qui attestaient de leur fiabilité", a en outre indiqué François Léotard, en réponse aux affirmations concordantes des dirigeants de la DCN recueillies par le juge Trevidic - chargé de l'enquête sur l'attentat -, selon lesquelles M. Takieddine avait été "imposé" dans le montage financier du contrat pakistanais par "le cabinet du ministre de la Défense".


L'ancien ministre a toutefois minimisé sa connaissance du dossier, assurant que "c'étaient principalement les membres de [son] cabinet qui recevaient les négociateurs" et citant à ce propos ses directeurs de cabinet (civil et militaire) d'alors, son conseiller spécial Renaud Donnedieu de Vabres et... l'actuel ministre de la Défense Hervé Morin, qui n'était pourtant qu'un simple collaborateur.


http://www.lepoint.fr/politique/exclusif-affaire-karachi-francois-leotard-croit-a-une-vengeance-liee-aux-commissions-08-06-2010-464301_20.php

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