jeudi 2 décembre 2010

L'affaire Alexandre Guérini ébranle la classe politique marseillaise

Alexandre Guérini, chef d'entreprise et omniprésent frère du président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, a été écroué dans la nuit de mercredi à jeudi dans une affaire de marchés publics présumés frauduleux, un dossier qui ébranle la classe politique marseillaise. Auditionné depuis lundi par les gendarmes marseillais, Alexandre Guérini, patron de décharges, a été mis en examen notamment pour blanchiment, abus de biens sociaux, détournement de fonds publics. "Alexandre Guérini conteste vigoureusement toute implication dans les faits qui lui sont reprochés. Il considère comme infondées et blessantes les accusations portées contre lui et dont nous démontrerons qu'elles ne répondent à aucune logique juridique", a déclaré son avocat, Emmanuel Molina. Un de ses proches, Philippe Rapezzi, a également été écroué. Cinq autres personnes, dont deux fonctionnaires de l'agglomération d'Aubagne et son ex-directeur des services, ont été mises en examen et remises en liberté.


L'enquête est menée dans le cadre de plusieurs informations judiciaires ouvertes contre X en avril 2009 à la suite de courriers anonymes, pour des fraudes présumées dans la passation de marchés publics, en particulier dans la filière des déchets. Un volet avait visé la société Queyras, à laquelle la justice reproche des surfacturations, ce qui a abouti cet été à la mise en examen de proches d'Alexandre Guérini. Les enquêteurs se sont concentrés sur le fonctionnement d'une décharge de La Ciotat chargée de recueillir les déchets d'Aubagne, ainsi que de certaines villes de la communauté urbaine de Marseille (MPM). Selon une source proche de l'enquête, Alexandre Guérini a en outre été confronté à Stéphane Brunengo-Girard, écroué récemment dans une affaire parallèle de marchés publics frauduleux touchant à la Corse. Les enquêteurs soupçonnent les sociétés de M. Brunengo d'avoir servi à blanchir de l'argent du grand banditisme.


"Lui, c'est lui et moi, c'est moi"


Cette enquête aux ramifications multiples occupe la classe politique locale depuis plus d'un an et les perquisitions menées fin 2009 au conseil général et à la communauté urbaine de Marseille (MPM). Car, à 53 ans, Alexandre Guérini est un personnage incontournable de la vie politique marseillaise. Membre du bureau du PS des Bouches-du-Rhône, il était "très présent" au sein de MPM "même si cela ne se faisait pas dans nos locaux", a admis jeudi le président (PS) de l'institution Eugène Caselli, dans La Provence. Derrière Alexandre, c'est son frère Jean-Noël Guérini, sénateur, président du conseil général et patron de la puissante Fédération socialiste, qui risque d'être éclaboussé. Adversaire de Jean-Claude Gaudin aux municipales de 2008 (47,75 % des voix), Jean-Noël Guérini fait figure de challenger le plus dangereux pour la droite aux municipales de 2014.


"Mon frère est mon frère et le demeurera toujours. Mais lui, c'est lui et moi, c'est moi", a réagi Jean-Noël Guérini. "Je ne suis concerné ni de près, ni de loin par les affaires et les entreprises de mon frère. Je souhaite que la justice fasse son travail dans la sérénité et la transparence, le conseil général n'étant en aucun cas concerné par les affaires judiciaires." À droite, le maire Jean-Claude Gaudin est resté mesuré, estimant que "ces affaires polluaient l'image de l'ensemble de la classe politique". Fin juin, dans une interview, Alexandre Guérini s'était dit victime d'"un règlement de comptes politique". Il accusait le député UMP Renaud Muselier, qui ne cache pas son ambition de devenir maire en 2014, de vouloir atteindre son frère à travers lui. Accusations niées en bloc par M. Muselier.


http://www.lepoint.fr/societe/l-affaire-alexandre-guerini-ebranle-la-classe-politique-marseillaise-02-12-2010-1270046_23.php

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