Menacé d'un recours à la force, le gouvernement ivoirien de Laurent Gbagbo a dénoncé un complot «inacceptable» du «bloc occidental dirigé par la France». Par ailleurs, 14.000 Ivoiriens ont déjà fui leur pays pour le Liberia.
La crise en Côte d'Ivoire née de la présidentielle du 28 novembre a marqué un tournant depuis que la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a menacé vendredi, en sommet à Abuja (Nigeria), d'user de la «force légitime» contre Laurent Gbagbo. Loin de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, ONU en tête, le président autoproclamé a vertement réagi par la voix du porte-parole de son gouvernement. «Inacceptable», a rugi ce dernier, Ahoua Don Mello, fustigeant «un complot du bloc occidental dirigé par la France».
C'est la première fois que le dirigeant ivoirien,qui a ignoré jusque-là ultimatum et sanctions, est directement sous la menace d'une opération militaire. Assurant ne pas croire «du tout» à une opération militaire, Don Mello a évoqué un risque de «guerre civile» si ce projet était mis à exécution. «Tous les pays (d'Afrique de l'Ouest) ont des ressortissants en Côte d'Ivoire, ils savent que s'ils attaquent la Côte d'Ivoire de l'extérieur, ça va se transformer en guerre civile à l'intérieur», a-t-il insisté. «Est-ce que le Burkina Faso est prêt à accepter trois millions de Burkinabè de retour» de Côte d'Ivoire dans leur pays d'origine, a-t-il interrogé, prédisant que les pays de la Cédéao «ne s'attaquer(aient) pas eux-mêmes». «Le peuple de Côte d'Ivoire va se mobiliser» face aux pressions qui «excitent son patriotisme», a-t-il encore juré.
Trois présidents ouest-africains vont se rendre sur place
L'un des avocats les plus enflammés de Gbagbo, Charles Blé Goudé, ministre de la Jeunesse et chef des «Jeunes patriotes», a mobilisé ces derniers jours ses partisans à Abidjan en vue du «combat» pour la «souveraineté» ivoirienne. Il prévoit une grande manifestation mercredi dans la capitale économique.
Alors que la Cédéao a annoncé l'envoi d'«une délégation spéciale de haut niveau», mardi et constituée de trois présidents de pays d'Afrique de l'Ouest : le Bénin, le Sierra Leone et le Cap-Vert. «Nous sommes toujours ouverts au dialogue mais dans le respect strict» des lois ivoiriennes, a assuré le porte-parole du gouvernement jugé illégitime par l'ONU. L'organisation régionale a également menacé de poursuites internationales les responsables des violences récentes, qui ont fait, selon l'ONU, 173 morts entre le 16 et le 21 décembre. Environ 14.000 Ivoiriens ont déjà fui vers le Liberia voisin en près d'un mois pour échapper aux violences et certains ont été empêchés par des éléments des Forces nouvelles (ex-rébellion alliée à Ouattara) de traverser la frontière, ont ajouté samedi les Nations unies.
Coincé dans un hôtel de luxe d'Abidjan soumis à un blocus des forces fidèles à Gbagbo, le président élu Ouattara est sorti vendredi d'un silence de plusieurs semaines pour appeler solennellement les militaires pro-Gbagbo à lui obéir et à protéger la population contre les «atrocités» commises notamment par «des mercenaires et des miliciens étrangers». Si l'armée lui fait toujours défaut, Ouattara a marqué un point jeudi quand l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) a décidé de lui accorder le contrôle des comptes ivoiriens à la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Le gouvernement Gbagbo a rejeté une décision «illégale» qui pourrait s'avérer lourde de conséquences pour lui, même si les salaires des fonctionnaires de décembre ont commencé à être payés cette semaine.
http://www.lefigaro.fr/international/2010/12/25/01003-20101225ARTFIG00104-les-menaces-de-l-afrique-de-l-ouest-sans-effet-sur-gbagbo.php
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