L'étau se resserre autour de Guy Wildenstein. L'héritier de la célèbre dynastie de marchands d'art a été mis en examen pour "recel d'abus de confiance" le 6 juillet, au terme de 36 heures de garde à vue.
Le milliardaire franco-américain, qui vit aux États-Unis, est aujourd'hui contraint de se défendre devant la justice française (lire les extraits de l'audition), après s'être expliqué dans les locaux de la police de Nanterre le 4 juillet (lire l'audition de Guy Wildenstein devant la police).
Il est soupçonné d'avoir conservé dans le coffre de l'Institut Wildenstein des oeuvres qui avaient été déclarées disparues ou volées par leur propriétaire. "Je n'ai jamais inspecté ce coffre. Nous n'avons jamais eu d'inventaire de ce coffre", assure-t-il au magistrat.
Une trentaine de tableaux douteux
C'est dans le cadre d'une enquête sur la succession litigieuse du patriarche de la famille, Daniel Wildenstein, que les policiers de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) ont eu accès aux chambres fortes de l'institut de la rue de La Boétie à Paris. Parmi les 268 oeuvres photographiées par les enquêteurs, une trentaine sont d'origine douteuse.
Parmi ces pièces, Chaumière en Normandie, une toile impressionniste de Berthe Morisot évaluée à 800 000 euros et disparue lors de la succession d'Annie Rouart en 1993. Proche des Rouart, Guy Wildenstein avait été à l'époque désigné par la vieille dame co-exécuteur testamentaire.
Aucun inventaire effectué
Aujourd'hui, Yves Rouart, héritier d'une partie de la collection de sa tante, s'étonne de retrouver Chaumière en Normandie dans le coffre de l'Institut Wildenstein, dont Guy est justement le président. "Il ne pouvait ignorer que ce tableau appartenait à ma tante (...). Il est impensable que depuis la mort de Daniel Wildenstein, en 2001, aucun inventaire du coffre de l'institut n'ait été fait", s'insurge ce spécialiste de l'art impressionniste défendu par l'avocat Serge Lewisch.
Dans le coffre de la rue de La Boétie, les policiers ont aussi retrouvé plusieurs bronzes de Rembrandt Bugatti, deux dessins de Degas et un pastel d'Eugène Delacroix revendiqués par certains descendants de Joseph Reinach, autre grand collectionneur d'art.
En 1972, lors de la succession de Julie Goujon, fille de Joseph Reinach, de nombreuses oeuvres ont disparu, alors que Daniel Wildenstein avait été chargé du partage avec l'expert Durand-Ruel. "Les héritiers n'ont pas fait de demande de restitution de ces oeuvres. Autrement, je les aurais restituées", se défend Guy Wildenstein devant le juge. Encore aurait-il fallu que les descendants sachent ce que contenait le mystérieux coffre de l'institut, qui commence seulement à livrer ses secrets.
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