mardi 5 juillet 2011

Les rebelles veulent faire route sur Tripoli

Les insurgés du Djebel Nefousa annoncent une «offensive majeure» vers la capitale.
La rébellion libyenne devrait lancer d'ici à 48 heures une offensive majeure pour reprendre Bir al-Ghanam, une localité située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tripoli, avec l'objectif d'être à portée de canon de la capitale libyenne. Contraints par les forces pro-Kadhafi de se retirer de ce secteur, les rebelles veulent de nouveau s'emparer de ce carrefour stratégique bombardé vendredi par l'aviation de l'Otan. Outre cet appui aérien, la rébellion a reçu début juin des armes parachutées par la France. L'Alliance atlantique a également poursuivi ses raids sur Tajoura, la grande banlieue Est de Tripoli, et intensifié ses bombardements dans l'Ouest, détruisant une cinquantaine d'objectifs militaires en une semaine. À la suite de ces raids, une manifestation a été organisée samedi à Tripoli près des bureaux des Nations unies. Quelque 300 enfants ont dénoncé «l'incapacité » de l'ONU à «arrêter la machine de guerre contre les civils ».

Menaces de Kadhafi


Malgré les menaces proférées vendredi soir par Kadhafi, l'Otan compte maintenir la «pression » jusqu'à ce que le dictateur libyen quitte le pouvoir. Dans une allocution diffusée par haut-parleurs sur la place Verte de Tripoli depuis un lieu tenu secret, le colonel Kadhafi s'était dit prêt à «porter un jour la bataille à la Méditerranée et à l'Europe», ainsi qu'à «s'en prendre aux foyers, bureaux et familles» des dirigeants européens, «qui deviendraient des cibles militaires légitimes puisque vous avez transformé nos bureaux, nos quartiers généraux, nos maisons et nos enfants en cibles militaires que vous considérez comme légitimes ».

La Turquie, seul pays musulman membre de l'Otan et important acteur régional, a durci le ton à l'égard du régime de Kadhafi en rappelant définitivement son ambassadeur à Tripoli et en adoptant des sanctions contre la Libye. Celles-ci visent notamment la Libyan Foreign Bank, qui possède 62,37% des parts de la banque turco-lybienne A & T Bank. Ces décisions interviennent alors que le chef de la diplomatie turque effectuait une visite d'une journée à Benghazi, où il a reconnu le Conseil national de transition (CNT) comme «représentant légitime du peuple libyen». Hier, eu outre, le président du CNT, Moustafa Abduljalil, a proposé à Kadhafi de quitter le pouvoir et de se retirer en Libye sous le contrôle de la communauté internationale.

Crimes contre l'humanité


Trois mois et demi après le début des frappes, le conflit semble dans l'impasse, chaque protagoniste campant sur ses positions. Le président sud-africain, Jacob Zuma, est attendu lundi en Russie pour des entretiens sur la crise libyenne. Fin mai, Jacob Zuma, mandaté par l'UA, avait tenté une médiation auprès de Mouammar Kadhafi qui s'était soldée par un échec. La semaine dernière, le sommet africain de Malabo (Guinée équatoriale) a adopté un accord-cadre prévoyant d'écarter Kadhafi des négociations, tout en refusant d'exécuter le mandat d'arrêt délivré par de la Cour pénale internationale contre le leader libyen, qui est poursuivi pour crimes contre l'humanité.

Comme l'Afrique du Sud, la Russie cherche à jouer un rôle de médiateur dans le conflit. Le président Dmitri Medvedev a envoyé mi-juin en Libye un émissaire pour discuter avec les deux belligérants. À cette occasion, il a laissé entendre qu'il était temps pour Kadhafi de partir. Mais Moscou a aussi protesté contre l'intensité des raids aériens de l'Otan. Depuis le 15 février, le conflit a fait plusieurs milliers de morts et poussé à l'exode des centaines de milliers de personnes.
http://www.lefigaro.fr/international/2011/07/03/01003-20110703ARTFIG00174-les-rebelles-veulent-faire-route-sur-tripoli.php

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