mardi 3 août 2010

Affaire Toscan du Plantier : l'attente et la colère

Le 19 février dernier, un juge parisien émettait un mandat d'arrêt international contre Ian Bailey, principal suspect dans l'enquête sur le meurtre de Sophie Toscan Du Plantier, épouse du producteur et ancien patron de Gaumont, Daniel Toscan du Plantier, aujourd'hui décédé. Un meurtre commis en Irlande et remontant à 1996, toujours non résolu, mais dans lequel de nombreux soupçons ont convergé dès le début sur Bailey. Pourtant, aujourd'hui encore, l'enquête traîne, et la famille de la victime s'en indigne. L'examen du mandat d'arrêt a été repoussé par la justice irlandaise, qui ne doit aborder à nouveau le dossier que le 13 octobre prochain... pour fixer une nouvelle date d'examen. Les proches de Sophie Toscan Du Plantier sont venus, mardi, dire leur frustration sur l'antenne d'Europe 1 alors qu'ils jugent ces questions de procédure "négligeables par rapport à l'enjeu". Pour Jean-Pierre Gazeau, oncle de la victime et président de l'association pour la vérité sur l'assassinat de Sophie Toscan du Plantier, le caractère d'urgence du mandat d'arrêt n'est tout simplement "pas respecté" par la justice irlandaise.
Depuis la date du meurtre, le 23 décembre 1996, de Sophie Toscan Du Plantier, personne n'a été mis en examen en Irlande. L'épouse de Daniel Toscan du Plantier avait été retrouvée le crâne fracassé sur le chemin menant à sa maison de campagne près du village de Skull. L'agresseur avait frappé la nuit à la porte de sa cuisine. Sophie Toscan du Plantier avait ouvert, apparemment sans méfiance. Sa famille, qui a déposé plusieurs plaintes en France, s'est constamment battue pour faire progresser l'enquête.

Accusation et rétractation

Soupçonné par la police, Bailey, journaliste pigiste anglais qui travaillait pour plusieurs journaux irlandais, avait déjà été arrêté à deux reprises au cours de l'enquête menée en Irlande. Il avait même été placé en garde à vue durant 24 heures, mais n'a jamais été inculpé, faute de preuve. Bailey avait fait naître les soupçons en étant parmi les premiers sur les lieux du crime puis en faisant état dans des articles d'éléments que seuls les enquêteurs et le meurtrier étaient censés connaître. Bailey avait également été visé par le témoignage d'une femme, Marie Farrel, qui affirmait avoir vu le journaliste indépendant la nuit du meurtre vers 3h rodant à proximité du domicile de la victime. Mais Mme Farrel s'était ensuite rétractée en accusant la police irlandaise de lui avoir soufflé ses déclarations.

En décembre 2005, les parents de la victime, Georges et Marguerite Bouniol, avaient publié une lettre dans l'Irish Times accusant le meurtrier de "lâcheté et de perversité" et disant leur détresse de ne pas savoir qui a tué leur fille. Marguerite Bourniol avait estimé début avril que ce mandat d'arrêt international constituait le "départ d'une action qui en principe devrait aller jusqu'au bout", ajoutant que "le juge (français) a en main tout ce qu'il faut pour que le coupable soit arrêté et jugé".

Depuis le meurtre, les parents de Sophie Toscan du Plantier, Georges et Marguerite Bouniol, se rendent chaque année en Irlande pour un office à la mémoire de leur fille et déposent une gerbe à l'endroit où son corps a été retrouvé. Pour tenter de faire progresser l'enquête côté français, la dépouille de Sophie Toscan du Plantier avait été exhumée le 1er juillet 2008 du cimetière de Cambrai, en Lozère, pour permettre des analyses ADN. Mais celles-ci n'avaient rien donné.
http://lci.tf1.fr/monde/europe/2010-08/affaire-toscan-du-plantier-l-attente-et-la-colere-6027629.html

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