L’ancien ministre du Budget, Eric Woerth, serait intervenu dans le cadre d’un redressement fiscal lié à la succession du sculpteur César, a affirmé hier le journal « Libération ».
L’une des trois héritières, Rosine Baldaccini, la veuve de l’artiste, qui était visée par cette procédure de redressement, s’exprime pour la première fois. Elle dément connaître le ministre et explique que l’arrangement fiscal dont elle a bénéficié est la conséquence directe d’une décision de justice.
Dans quelles conditions s’est déroulée la succession de votre mari ?
ROSINE BALDACCINI. Normalement. A la mort de mon mari, c’est mon notaire qui s’en est occupé. Il a fait un inventaire des oeuvres et les a fait estimer par le commissaire-priseur Briest. Nous sommes trois héritières : ma fille, moi et Mme Busuttil (NDLR : la dernière compagne de César). Nous avons dû payer 67 millions de francs (environ 10,2 millions d’euros) de droits de succession. Puis nous avons eu un contrôle fiscal. L’administration a estimé que la succession était sous-évaluée et, qu’au regard du catalogue, il manquait 372 pièces à l’inventaire. C’est sur cette base que le redressement fiscal a eu lieu.
Qu’avez-vous fait ?
Nous avons saisi la commission départementale des impôts, qui a confirmé que l’évaluation du commissaire-priseur était juste. En même temps, avec ma fille, nous avons saisi un juge car nous ne savions absolument pas où se trouvaient ces oeuvres. La juge a fait son enquête et, en 2006, après s’être aperçue que certaines oeuvres manquantes avaient été rebaptisées, que d’autres avaient été données, et qu’il n’en manquait au final plus que 38, elle a rendu un non-lieu. A partir de cette décision de justice, le redressement fiscal devait s’arranger.
On reproche toutefois à Eric Woerth, alors ministre du Budget, d’être intervenu…
Il y a eu un redressement, c’est clair, mais il n’y a ni magouille ni histoire extraordinaire. Eric Woerth : je n’ai jamais entendu parler de lui. En 2009, j’ai appris qu’il ne restait plus que 20 millions de francs à payer (environ 3 millions d’euros) alors qu’on parlait avant de sommes inimaginables. C’était la conséquence du « non-lieu ».
A quoi correspond ce reliquat de 3 millions d’euros ?
L’administration fiscale estime toujours que la succession est sous-estimée. Elle l’a donc surévaluée de 16 %. Elle fait son travail, c’est connu, il faut faire rentrer de l’argent. Aujourd’hui, je n’ai pas les moyens de payer cette somme nous avons déjà payé 67 millions de francs de droits de succession mais j’attends d’hériter pour le faire.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/la-veuve-du-sculpteur-cesar-je-n-ai-jamais-entendu-parler-d-eric-woerth-05-08-2010-1022479.php
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