Dans un livre consacré à la mort suspecte du ministre Robert Boulin, sa fille laisse entendre que Charles Bignon, ancien député de la Somme, a également été assassiné.
Ce 1er avril 1980, une foule considérable se presse aux abords de l'église de Sénarpont. Ils sont près de 3 000, anonymes ou personnalités, à vouloir rendre un dernier hommage à Charles Bignon, ancien député de la Somme décédé trois jours plus tôt dans un accident de la route. Un accident ? Depuis plus de trente ans, un doute persiste sur l'origine exacte de la mort de Charles Bignon. Doute que vient une nouvelle fois d'alimenter Fabienne Boulin-Burgeat, fille de l'ancien ministre Robert Boulin, retrouvé suicidé dans 50 cm d'eau dans la forêt de Rambouillet, le 30 octobre 1979. Dans ce livre ( Le dormeur du val, aux éditions Don Quichotte), le troisième consacré à l'affaire, l'auteur démontre avec talent l'impossibilité de la thèse du suicide. Elle avance au contraire la piste d'un crime d'État. Boulin, premier ministrable en puissance, serait devenu un homme gênant, une «menace pour certains milieux politiques. » Mais il n'était peut-être pas le seul. A la fin des années 1970, une série de morts violentes endeuille la République. Outre Robert Boulin, Robert Fontanet, Jean de Broglie et donc, Charles Bignon, décèdent dans des conditions troublantes.
L'ancien député du Vimeu, président de la commission des conflits du RPR au moment des faits, meurt le 29 mars 1980, à 1 h 45 du matin. Sa voiture, arrêtée tous feux éteints sur la voie lente de l'autoroute A 10, près de Rambouillet, est percutée par un camion danois. La voiture est carbonisée, le corps est à l'intérieur. Pour étayer la thèse de l'assassinat de Charles Bignon, Fabienne Boulin-Burgeat s'appuie sur une note blanche des Renseignements généraux datée du 28 mai 1982. Cette note «met sérieusement en doute la thèse de l'accident du député, écrit l'auteur. Curieusement, elle figure au dossier judiciaire de mon père ; tout aussi curieusement, elle n'a jamais été exploitée. »
Autre fait troublant, les nombreuses similitudes qui entourent la mort des deux hommes politiques. Boulin et Bignon sont morts dans le même secteur géographique, la forêt de Rambouillet. Amis, ils partageaient une certaine conception de la vie politique. Tous deux avaient été choqués des manipulations électorales supposées d'un certain Charles Pasqua, lors d'un vote interne au conseil national du RPR, le 20 juin 1979. «Avec quelques autres, dont Charles Bignon, Boulin avait obtenu de Chirac que le vote soit annulé et que Pasqua soit évincé du Conseil national, rappelle l'auteur. Conseil qu'il réintégra huit jours à peine après la mort du ministre du Travail. » Troublant. Mais à la différence de Robert Boulin, la famille de Charles Bignon n'a jamais douté de la thèse officielle. Pour son fils Jérôme Bignon, député UMP du Vimeu, l'histoire du complot ne tient pas debout. « C'est un fantasme entretenu depuis des années par des journalistes qui cherchent à faire du sensationnel, s'agace l'élu. En tant qu'avocat, j'ai eu accès au dossier et je n'ai jamais eu le moindre doute sur la thèse de l'accident. Le chauffeur qui a percuté la voiture de mon père a d'ailleurs été poursuivi et condamné pour homicide involontaire. Mme Boulin ferait bien de laisser les morts en paix. »
Le dormeur du Val, de Fabienne Boulin-Burgeat, éditions Don Quichotte, 16, 90 euros
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Charles-Bignon-en-savait-il-trop
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