Malgré son départ du ministère des Affaires étrangères annoncé comme inéluctable, Michèle Alliot-Marie distille encore, depuis le Koweït où elle assiste aux cérémonies du 50e anniversaire de l'indépendance, des petites phrases dans lesquelles elle se dit confiante. La presse l'étrille pourtant sévèrement : Jacques Guyon, dans La Charente Libre, pense que "plus le temps passe et plus la contagion révolutionnaire bouleverse le monde arabe, moins la position de MAM est tenable". D'autant, raconte-t-il, que "ses gentils compagnons de l'UMP ne font même plus semblant aujourd'hui de la soutenir et montrent qu'ils sont capables d'être encore plus féroces à son égard que l'opposition". Le Midi Libre, sous la plume de François Martin souligne que "le malaise autour des bourdes de MAM ébranle les rangs de la majorité". Il explique que "sa mise en quarantaine est pitoyable. Absente de Tunis, lundi. D'Ankara, hier. Son sort est bien scellé". "Sa position n'est plus tenable", constate lui aussi Rémi Godeau (L'Est républicain). "Bouc émissaire ou pas, elle ne peut que partir".
L'intéressée, pour sa part, s'exprime dans les colonnes du quotidien gratuit 20 Minutes. En pleine visite au Koweït, elle dit n'avoir aucun rendez-vous prévu dans l'immédiat avec Nicolas Sarkozy. Tout au plus téléphonera-t-elle dimanche au chef de l'Etat pour lui rendre compte de son action "comme je le fais à chaque fois". Pour le reste, "je suis sereine, je fais mon travail", dit-elle. Et interrogée sur la déclaration de son compagnon et collègue au gouvernement, Patrick Ollier, affirmant qu'il quitterait son ministère si elle était limogée, elle répond : "C'est sans doute une boutade. En tout cas une jolie preuve d'amour".
"Juppé est programmé"
Pourtant, beaucoup annoncent que son sort sera scellé dans le courant du week-end. Le ministre de la Défense, Alain Juppé, pourrait prendre sa place et serait lui-même remplacé par le chef du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet, qui était vendredi du voyage avec Nicolas Sarkozy en Turquie alors que ce n'était pas prévu. Prié de dire s'il renouvelait sa confiance à sa ministre, le président français a refusé de répondre lors d'une conférence de presse à Ankara, expliquant qu'il ne s'exprimait jamais sur des sujets de politique intérieure quand il était à l'étranger.
"Ça ne peut plus durer. Elle n'est plus audible. Il faut qu'elle parte et, pour que ce soit digne, il faut qu'elle parte d'elle-même", a déclaré une source gouvernementale. Selon une autre source gouvernementale, "le principe du départ de 'MAM' est acté". "Juppé est programmé pour prendre rapidement sa succession, avec beaucoup de pression du président de la République", a-t-on ajouté en soulignant que l'actuel ministre de la Défense se fait tirer l'oreille pour reprendre les Affaires étrangères.
D'autres sources gouvernementales évoquent la possibilité d'un remaniement beaucoup plus large qui verrait Alain Juppé remplacer le Premier ministre François Fillon, le Quai d'Orsay revenant au ministre des Affaires européennes Laurent Wauquiez. Le député UMP Bernard Debré a dit tout haut vendredi ce que des parlementaires de plus en plus nombreux de la majorité affirmaient de manière anonyme ces derniers jours. Pour un député de la majorité, "ce sera dimanche ou lundi". La situation est selon lui intenable : plus de la moitié des Français réclament selon les sondages le départ de Michèle Alliot-Marie et les députés qui reviennent de leurs circonscriptions sont alarmés par les conséquences de cette affaire sur les résultats des élections cantonales.
http://lci.tf1.fr/politique/mam-sereine-malgre-l-hallali-6293660.html
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