Loin de retomber, la pression s'accentue sur les épaules de Michèle Alliot-Marie. Absente remarquée, mercredi, du conseil des ministres, en raison d'un voyage officiel au Brésil prévu de longue date, dixit son époux Patrick Ollier, la ministre des Affaires étrangères a laissé à ses collèges de l'Economie, Christine Lagarde, et des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, le soin de se renouer le contact avec la Tunisie. Côté cour (de l'Elysée), ces aléas d'agenda ne présage d'aucun changement à la tête du Quai d'Orsay: "Il y en a un qui décide, c'est le président de la République, a fait ainsi savoir François Baroin à la sortie du conseil des ministres. Et lorsqu'il accorde sa confiance, ce qui est le cas à l'égard de la ministre des Affaires étrangères, il l'accorde pleinement et entièrement", a ajouté le porte-parole du gouvernement, pour qui l'éviction de MAM est une "question ne se pose pas".
Côté jardin, en revanche, les choses semblent toutefois bien moins nettes. Pas plus tard que jeudi matin, le numéro 2 du gouvernement, Alain Juppé, n'a pas fait la démonstration d'une défense acharnée vis-à-vis de sa consœur. "Je ne vais pas commenter indéfiniment tout ce qui concerne Michèle Alliot-Marie", a laissé tomber le ministre de la Défense au micro de France Inter, ajoutant qu'il appartient aux autorités compétentes de l'Etat de tirer les conséquences si elles le souhaitent, ce n'est pas à moi de le faire".
La veille, Jean-François Copé s'était débarrassé à peu près de la même manière de la patate chaude du moment à droite. "C'est vraiment l'appréciation du président et du Premier ministre. Moi, je n'ai pas à faire de commentaires sur ce sujet. On verra dans les jours ou les semaines qui viennent, je crois que ce qui est important c'est que petit à petit les choses reviennent à l'apaisement", avait déclaré le secrétaire général de l'UMP. Pourtant, loin de cet "apaisement" souhaité, dans les rangs de la majorité, certains ont employé des formules plus directes pour réclamer le départ de l'encombrante locataire du Quai d'Orsay. "Il faut qu'elle dégage", a notamment éructé un député, sous couvert d'anonymat, à l'agence de presse Reuters.
Du côté de l'Elysée, vers qui tous les regards se tournent, Nicolas Sarkozy a officiellement apporté son soutien à sa ministre en danger, ne serait-ce que pour ne pas donner l'impression de céder à la pression ou de fragiliser son Premier ministre, François Fillon, lui aussi embarqué dans la polémique pour ses vacances de Noël dernier passées en Egypte. Toutefois, croient savoir Les Echos du jour, le départ de MAM serait effectivement acté, à plus ou moins brève échéance. Comme le bruit en circule avec insistance dans le landerneau politique, le chef de l'Etat pourrait ainsi "profiter" de l'après-cantonales pour procéder à un remaniement du gouvernement plus profond que prévu.
Beaucoup le souhaitent à droite, à commencer par l'un des poids lourds de la majorité, Jean-Pierre Raffarin. Mardi, sur Europe 1, l'ancien Premier ministre a remis sur le tapis son souhait d'un "acte II du quinquennat" et a clairement plaidé pour "une relance politique après les élections cantonales". Un remaniement peut être un levier à actionner, a-t-il ajouté, alors que de nouveaux secrétaires d'Etat sont pressentis pour intégrer l'équipe Fillon, notamment à l'Immigration et aux Anciens combattants. L'heureux élu de ce dernier portefeuille officierait sous la tutelle d'Alain Juppé boulevard Saint-Germain. A moins que celui-ci ne soit appelé à d'autres fonctions. Au petit jeu des pronostics, l'ex-locataire de Matignon fait effectivement figure de favori pour retrouver la tête du Quai d'Orsay, si d'aventure la place est bien à prendre dans les semaines qui viennent.
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Alain Juppé
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