Antoine Gilibert est le président de la Société des courses de Compiègne (SCC). Longtemps locataire, cette association a acquis en mars dernier, au prix de 2,5 millions d’euros, 57 hectares de la forêt domaniale de Compiègne où sont installés un hippodrome ainsi qu’un golf. Le principe de cette vente, réclamée depuis des années par la SCC, a été accordé par l’ancien ministre du Budget, Eric Woerth, fin octobre 2009. Elle a été finalisée en mars 2010, quelques jours avant le départ du locataire de Bercy, ce qui fait planer des doutes sur le rôle joué par Eric Woerth dans ce dossier. Le 13 janvier, la Cour de Justice de la République (CJR) devra dire si elle engage, ou non, des poursuites pour «favoritisme» et «prise illégale d’intérêts» contre lui. Deux plaintes ont, par ailleurs, été déposées dans cette affaire. Au nom de la SCC, Antoine Gilibert a accepté de revenir sur cette transaction
Eric Woerth a indiqué, cette semaine, que c’est à Matignon qu’a été décidée la vente de l’hippodrome. Le saviez-vous?
Antoine Gilibert. A l’époque, des gens de France Domaine m’ont en effet dit qu’une réunion interministérielle avait lieu sur ce sujet. Mais je n’ai pas été informé des problèmes soulevés à cette occasion.
Nous sommes une association à but non lucratif, composée de bénévoles, tous passionnés par le monde du cheval. Les problèmes juridiques ne sont pas notre fort. Et nous ne nous sentons en rien concernés par les questions politiques que soulève éventuellement ce dossier.
Connaissez-vous Eric Woerth? Son épouse?
Je ne les ai jamais vus et ne leur ai jamais parlé, même au téléphone. Eric Woerth n’est pas un habitué du monde des courses. A ma connaissance, avant de devenir maire de Chantilly, il ne fréquentait guère les hippodromes.
Son épouse, en revanche, est à la tête d’une écurie...
Je ne la connais pas.
Philippe Marini, sénateur-maire de Compiègne, est un de vos amis. On le dit aussi proche des époux Woerth. Est-il intervenu dans ce dossier?
A ma connaissance, non. Mais peut-être l’a-t-il fait en qualité de maire de la ville.
Le parquet de Compiègne a été saisi de deux plaintes concernant la cession de l’hippodrome. Le prix de vente du terrain, fixé à 2,5 millions d’euros, est notamment considéré comme trop faible. Qu’en pensez-vous?
Cette évaluation a été réalisée par France Domaine, qui est un service de l’Etat. Je leur fais confiance. Je rappelle qu’en 2003, lorsque le ministre de l’Agriculture Hervé Gaymard avait proposé, au lieu d’une vente, d’échanger l’hippodrome contre des parcelles de forêt, l’Office National des Forêts avait fixé son prix à 1,25 million d’euros. Dommage que cet échange n’ait pu se faire.
Fin 2009, étiez-vous vraiment le seul candidat à l’acquisition de ce terrain?
Oui.
Si une vente aux enchères avait eu lieu, jusqu’à quel prix étiez-vous prêt à aller?
Pas davantage que la somme qui nous a été fixée.
Olivier Kowal, élu PS de Compiègne et urbaniste, évalue la valeur véritable du terrain à 20 millions d’euros. Qu’en dites-vous?
La SCC est tout à fait disposée à céder le terrain à Olivier Kowal à ce prix là! Soyons sérieux: il s’agit d’un terrain inconstructible, sur lequel il ne peut y avoir que des chevaux et un golf pendant les cinquante prochaines années. Et je rappelle que son prix a été fixé par les services de l’Etat, pas par nous.
Vous souhaitez y implanter un restaurant panoramique.
La plupart des hippodromes de France possèdent ce type de restaurant. Pourquoi pas nous? A partir du moment où c’est en lien avec l’activité hippique, cela ne pose aucun problème. Nous verrons cela dans deux ou trois ans.
Le 13 janvier prochain, la Cour de Justice de la République doit se prononcer sur d’éventuelles poursuites à l’encontre d’Eric Woerth, soupçonné notamment de «favoritisme» et de «prise illégale d’intérêts».
Qu’en pensez-vous?
Que ce soit dans le cadre des plaintes déposées au parquet de Compiègne ou d’une éventuelle instruction de la Cour de Justice de la République, je suis prêt à répondre à toutes les questions que l’on souhaitera me poser. La SCC en assez d’être la victime collatérale de cette polémique politicienne
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