Le Guide de la révolution libyenne, pour sa part, lui a réitéré son message habituel: il ne peut démissionner puisqu'il «n'occupe aucun poste officiel.» Le colonel répondait ainsi indirectement à l'offre du premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui, dimanche, s'est fait fort d'obtenir des Occidentaux l'immunité pour Kadhafi et la possibilité pour lui de se rendre «où il le souhaite».
Kadhafi le joueur d'échecs semble vouloir signifier que sa partie avec l'Otan n'est pas terminée. Les rebelles ont marqué un point diplomatique en recevant lundi à Benghazi le ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle. Sur le plan militaire, les forces de Kadhafi maintiennent leur pression sur Misrata, bastion rebelle à l'est de la capitale et pièce maîtresse que le Guide ne peut se permettre de perdre, assurent les officiels libyens. Lundi soir, selon des témoins, six roquettes ont touché une raffinerie de pétrole tenue par les insurgés près de la ville. Par ailleurs, 21 rebelles ont été tués lundi sur la ligne de front entre Ajdabiya et Brega, selon un de leurs commandants, Moussa el-Mograbi. «Nos hommes ont été piégés. Les soldats de Kadhafi ont fait semblant de se rendre, ils sont arrivés avec un drapeau blanc, puis ils leur ont tiré dessus», a-t-il affirmé.
Drôle de guerre
La capitale cherche à éviter l'encerclement. Les forces loyalistes pilonnent les abords de Zenten, dans les montagnes berbères au sud-ouest de Tripoli. À l'ouest, la ville de Zawiya, à 50 km de Tripoli, prise par les rebelles au début de la révolte, puis reconquise par les loyalistes, était de nouveau l'objet de combats ce week-end, selon les rebelles. Mais le porte-parole gouvernemental Moussa Ibrahim assure qu'il s'agit seulement d'accrochages entre l'armée libyenne et des éléments rebelles «fuyant les combats au sud.»
Dans la nuit de samedi à dimanche, en tout cas, les forces loyalistes semblaient avoir la situation bien en main. En direction de Tripoli depuis la frontière tunisienne, on ne pouvait voir, des deux côtés de la route côtière, qu'une ville désertée par ses habitants, silencieuse et tenue par des barrages de militaires libyens tous les 500 mètres. La raffinerie, enjeu important, était illuminée et solidement gardée. La route elle-même était sécurisée, avec un barrage tous les dix kilomètres environ.
Cette route est la seule voie d'accès depuis le début de la campagne de l'Otan. Le voyage commence à l'aéroport tunisien de Djerba. Une Mercedes officielle libyenne conduite par un chauffeur taiseux attend le visiteur. Sur la partie tunisienne du trajet, les militaires bloquent le trafic en sens inverse pour ouvrir le passage à la voiture. À l'approche de la frontière, on traverse des camps montés par le Croissant-Rouge pour accueillir des réfugiés libyens. Qui regardent passer des dizaines de leurs compatriotes roulant en sens inverse, rentrant au pays, chargés de bonbonnes d'huile et autres biens de consommation.
La caserne du Guide reste debout
Au poste la frontière de Ras el-Jédir s'alignent des dizaines de semi-remorques à plaques libyennes, eux aussi en provenance de Tunisie, devenue la principale porte d'entrée des importations depuis l'embargo européen sur les ports libyens.
À Tripoli, seules les files d'attente devant les stations-service, qui s'enroulent sur des kilomètres, rappellent que le pays est en guerre. «Cela fait une semaine que j'attends!», s'exclame un taxi. La plupart des voitures sont vides, les conducteurs les ont laissées là, sachant qu'ils n'atteindront pas la pompe avant plusieurs jours.
La circulation reste toutefois importante, peut-être grâce au marché noir. Le litre d'essence, officiellement vendu environ 5 centimes d'euro, peut atteindre un euro sous le comptoir. Mais les cafés sont ouverts, les boutiques du centre-ville également, les écoles fonctionnent et les trottoirs sont aussi peuplés qu'en temps de paix. Sur le front de mer, deux bâtiments officiels réduits à l'état de gravats, sur lesquels on a déposé des portraits de Kadhafi, témoignent de frappes millimétrées. Les hôtels voisins sont restés intacts.
Les murs de l'immense caserne du Guide restent debout, excepté quelques brèches réparées à la hâte. Les portes sont toujours gardées, sans que l'on puisse deviner les dégâts à l'intérieur. Depuis deux nuits, on n'a pas entendu d'explosion. Tripoli s'est installée dans une drôle de guerre, version XXIe siècle.
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