Le juge Bruguière a-t-il volontairement mis de coté une pièce essentielle du dossier Karachi? Les familles des victimes de l'attentat ont déposé plainte pour faux témoignage contre l'ex-juge antiterroriste, chargé de l'enquête de 2002 à 2007, a-t-on appris auprès de l'avocat des familles Me Olivier Morice. Dans leur plainte, déposée le 10 juin, les familles accusent Jean-Louis Bruguière de faux témoignage et d'entrave à la justice.
Entendu le 16 mai par son successeur Marc Trévidic, Jean-Louis Bruguière avait été interrogé sur l'absence au dossier d'un rapport d'autopsie du poseur de bombe présumé, réalisé par des médecins légistes dans les jours suivant l'attentat. Cette autopsie avait été pratiquée par une Française, Dominique Lecomte, qui s'était rendue en urgence sur les lieux de l'attentat. "Je n'ai pas obtenu le rapport de Mme Lecomte", a déclaré l'ex-juge lors de son audition. Or Mme Lecomte, elle aussi entendue par Marc Trévidic, a affirmé avoir remis l'original de ce rapport à l'ancien juge Bruguière, qui le lui avait réclamé "avec insistance".
La thèse de l'attentat-suicide affaiblie
Selon le rapport, l'autopsie montre que "le sujet se trouvant près du foyer de l'explosion se trouvait en position debout". Pour Me Morice, cet élément "exclut qu'il y ait pu avoir quelqu'un conduisant le véhicule" qui a explosé contre le car transportant les employés de la Direction des constructions navales (DCN) victimes de l'attentat. Or, selon la version officielle, l'attentat a été perpétré par "un terroriste kamikaze au volant d'une Toyota". Ainsi, explique Me Morice, "durant toutes ces années, une véritable désinformation a été orchestrée aux fins de faire croire que cet attentat avait été réalisé sous forme d'attentat suicide".
Après avoir longtemps privilégié la thèse islamiste, les enquêteurs sont lancés depuis 2009 sur la piste d'un mobile financier pour expliquer l'attentat qui a tué 15 personnes le 8 mai 2002, dont 11 salariés français de la Direction des constructions navales (DCN). Plusieurs enquêtes financières ouvertes en marge du dossier criminel ont montré que le versement de 84 millions d'euros de commissions avait été convenu en marge du marché des sous-marins au Pakistan. Plusieurs dizaines de millions pourraient être revenus en France financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, soupçonnent les juges. Edouard Balladur, dont le porte-parole de campagne était Nicolas Sarkozy, nie ces faits.
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