Pour 800 €, A. a failli tout perdre. Ce boulanger s'est retrouvé en garde à vue à la brigade criminelle mercredi. Les enquêteurs de la sûreté voulaient ses explications sur une attaque à main armée qui remonte à la soirée du 28 avril 2009 dans un Épi Gaulois, route de Narbonne à Toulouse. Une enseigne souvent prise pour cible et qui ce soir-là avait été victime à l'heure de la fermeture d'une agression menée par deux individus. Ils avaient violenté la caissière avant de rafler la caisse. Un braquage supplémentaire dans une période où les attaques s'additionnaient dans les commerces de la Ville rose.
Chargés de l'enquête, les policiers de la brigade criminelle ont peu à peu eu des doutes sur la réalité de ce vol à main armé. « Des détails inhabituels », précise un policier. Des caméras curieusement en panne, personne dans le voisinage pour évoquer deux agresseurs et une victime peu convaincante. Les investigations ont confirmé ces doutes et le rôle trouble de l'employée. Identifié, placé en garde à vue, le faux braqueur, plus à l'aise dans son fournil que face aux enquêteurs, n'a pas fait de mystère. « J'ai été licencié parce que je ne pouvais pas changer de lieu de travail. Et mon patron ne voulait pas me payer mon solde de tout compte. J'ai imaginé cette fausse attaque pour récupérer mon argent », explique le suspect aux magistrats du tribunal correctionnel. Renvoyé en comparution immédiate, l'enjeu était de taille. « Il a un poste de boulanger et un patron très content de lui. Une famille à nourrir. Si vous le placez en détention, il perd tout », résume son avocate Me Séverine Dutreich. L'avocate n'oublie rien, plaide fond et forme et obtient ce dont rêvait son client : une condamnation sans séjour en prison. Six mois à purger plus tard, en relation avec le juge d'application des peines.
La complice poursuivie
Avant de démasquer le faux braqueur et sa complice, les enquêteurs de la sûreté départementale ont épuisé les pistes les une après les autres. Un travail orienté par les déclarations de l'employée qui avait raconté tout et surtout n'importe quoi. En réalité, complice, elle a même récupéré 200 € donnés par le braqueur pour la soutenir dans ce moment « difficile ». Elle aussi a désormais rendez-vous avec la justice, dans le cadre d'une procédure de plaider-coupable pour « dénonciation mensongère ».
http://www.ladepeche.fr/article/2010/06/05/849132-Le-boulanger-met-en-scene-son-propre-braquage.html
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