La coalition conservateurs-libéraux de la chancelière Angela Merkel a perdu dimanche le scrutin en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Elle est ainsi privée de majorité à la chambre haute du parlement fédéral (Bundesrat). Au niveau national, elle devra désormais rechercher le compromis avec l'opposition. Une situation qui menace de bloquer les gros chantiers prévus par la chancelière, concernant la baisse des impôts et la réforme de la santé notamment.
L'Union chrétienne démocrate (CDU) d'Angela Merkel recueille 34,7% des voix, et son allié le parti libéral FDP 6,8%, selon la chaîne publique ARD. La coalition ne pourra plus former, à elle seule, un gouvernement dans ce Land, le plus peuplé d'Allemagne, où quelque 13,5 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes.
«Il ne faut pas essayer d'enjoliver le résultat, c'est une grosse déception. Nous avons largement raté notre objectif», a réagi Wolfgang Bosbach, député CDU au Bundestag. Lors des régionales précédentes, ils avaient rallié 44,8% des votants. Que dire alors des libéraux ? En septembre ils avaient recueilli près de 15% des suffrages au niveau national... Avec 6,8% dimanche, ils ont subi un véritable camouflet. .
Les Verts grands gagnants du scrutin
Le SPD, lui, comptabilise 34,5% des suffrages. Grands gagnants de ces élections, les Verts recueilleraient 12,2% des suffrages, selon les deux chaînes, et le parti de la gauche radicale Die Linke, fondé par l'ex-SPD Oskar Lafontaine, franchit, avec 5,5% des voix, le seuil lui permettant d'entrer au parlement de ce Land très urbanisé, où se situe la région industrielle de la Ruhr. Une alliance SPD-Verts pourrait gouverner la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Avec die Linke («La Gauche») pour que la majorité soit absolue ? La composition du futur Landtag (le parlement de région) reste ouverte.
En n'étant pas réélue, la coalition conservateurs-libéraux qu'Angela Merkel dirige depuis octobre à Berlin perd de facto sa majorité au Bundesrat, chambre haute qui représente les Länder. Plusieurs alliances paraissent possibles dans le futur parlement régional au vu de ces résultats : une coalition SPD-Verts, une «grande coalition» (CDU/SPD), comme lors du premier mandat de la chancelière, une alliance SPD-Verts-Linke ou encore SPD-Verts-FDP.
En cause, l'aide à la Grèce et l'action du gouvernement
Pour beaucoup de journaux allemands, l'aide à la Grèce a joué un rôle crucial dans cette défaite, la majorité des Allemands y étant hostiles. Angela Merkel s'est mis à dos ses partenaires européens en se cabrant le plus longtemps possible contre une aide à la Grèce pour ne pas irriter ses électeurs rhénans, en pure perte. «Paralysée par la peur (l'Allemagne) a laissé la France prendre les choses en main», relevait le quotidien berlinois «Tagesspiegel» à paraître lundi.
Pour d'autres commentateurs, c'est toute l'action du gouvernement qui a été punie. L'hebdomadaire «Der Spiegel» a évoqué «un rappel à l'ordre sévère des électeurs» appelant l'équipe au pouvoir à se «donner plus de mal». Le quotidien «Die Welt» (centre-droit) a mis en cause «le manque de direction» de la coalition Merkel. «Le FDP, avec son mantra sur les baisses d'impôt et son idéologie anti-étatique intransigeante ne convient pas à l'époque», a commenté le quotidien de gauche «Taz».
Le Parisien
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