dimanche 13 mars 2011

Affaire d’espionnage : dérapage incontrôlé chez Renault ?

Et si l'affaire d'espionnage industriel présumé chez Renault n'était en réalité qu'une vaste manipulation ou tout simplement une escroquerie qui aurait pris une tournure inattendue ? Si le parquet de Paris démontrait l'innocence des trois cadres licenciés début janvier quelles seraient les conséquences pour l'entreprise et notamment sa direction ?


« Aucune trace d'espionnage ». C'est ce que révèlent les premiers éléments de l'enquête diligentée par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), d'après une source proche du dossier et citée par Le Monde, dans son édition du 3 mars. Les enquêteurs n'ont pas retrouvé la trace des supposés comptes en banque en Suisse et au Liechtenstein qui auraient servi à rémunérer les trois cadres soupçonnés d'espionnage industriel et licenciés il y a deux mois.


Début janvier, Renault met à pied puis licencie trois de ses cadres sur les conclusions d'une enquête interne de plusieurs mois. Déclenchée à la suite de dénonciations anonymes en août 2010, elle révélait que plusieurs comptes à l'étranger avaient été ouverts. L'entreprise, qui n'a jamais pu prouver que des informations sur le programme de véhicules électriques avaient été effectivement vendues, a toutefois préféré, compte-tenu de l'importance de celles-ci, prévenir que guérir.


Deux mois plus tard, l'enquête montre que les comptes n'existent pas mais n'a pas encore déterminé l'origine de cette affaire.


Un « doute » en guise d'aveu ?


Face à ces révélations, la direction du constructeur automobile tente de faire machine arrière et met en avant ses « doutes » en se présentant comme une « victime ». Dans un entretien accordé au Figaro, paru le 4 mars Patrick PELATA, numéro deux de Renault propose désormais deux hypothèses : « Soit nous sommes face à une affaire d'espionnage et un cadre de la direction de la sécurité protège sa source envers et contre tout. Soit Renault est victime d'une manipulation, dont on ignore la nature mais qui pourrait prendre la forme d'une escroquerie. »


Une escroquerie qui aurait pour origine l'auteur des lettres anonymes, envoyées en 2010. Le Canard enchaîné, dans son édition du 9 mars, révèle qu'il aurait perçu 250 000 euros en échange de ses informations. Par ailleurs, il en attend 200 000 de plus et réclame 900 000 euros supplémentaires pour apporter des preuves écrites.


La direction de Renault assure que dans le cas où l'escroquerie se vérifie, elle « sera très attentive à réparer toute injustice ». Bien loin des déclarations très affirmatives de Carlos GHOSN, président de Renault-Nissan, au 20 heures de TF1 en janvier 2011, qui préfère désormais garder le silence jusqu'aux conclusions définitives de l'enquête.


La décision de Renault a par ailleurs été saluée par la Ministre de l'économie, Christine LAGARDE, qui estime que « la recherche de la vérité (lui) paraît la plus importante des priorités dans ce dossier », mais qui n'exclut pas de tirer « toutes les conséquences » de cette affaire.


« Je veux que l'entreprise reconnaisse mon innocence »




Les doutes émis par la direction de Renault n'ont fait que renforcer le sentiment d'innocence des trois cadres licenciés. Michel BALTHAZARD, l'un d'entre eux, a déclaré dans un long entretien publié le 6 mars au Figaro : « Je veux que l'entreprise reconnaisse publiquement mon innocence. » Il y fustige également le comportement de son ancienne direction à son égard et assure qu'il ne reviendra pas, même si on le lui propose : « Pas question de revenir travailler chez Renault. C'est un déchirement. »


Même si les conclusions définitives de l'enquête ne seront connues que dans quelques semaines, difficile de croire que Renault sortira indemne de cette histoire. « Quand l'enquête sera terminée, nous en tirerons toutes les conséquences jusqu'au niveau le plus haut de l'entreprise, c'est-à-dire jusqu'à moi », affirme Patrick PELATA.


http://www.raje.fr/infos/reste-de-lactu/6035-industrie-affaire-despionnage--derapage-incontrole-chez-renault-.html

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