mercredi 16 mars 2011

Affaire Renault : le barbouze Gevrey avait un compte secret en Suisse

Un ancien barbouze, une «source fiable», des comptes à l'étranger et un projet à fort enjeu : les batteries des voitures électriques. Début janvier, Renault licenciait avec fracas trois de ses cadres, accusés d'espionnage industriel, sans doute au profit de la Chine. Mais le dossier s'est dégonflé, et il a été démontré que les trois hommes mis en cause n'avaient pas, comme Renault le prétendait, de compte bancaire secret.
Il en existerait pourtant un, en Suisse, qui accrédite la thèse d'une escroquerie montée par celui-là même qui a accusé Michel Balthazard, Bertrand Rochette et Matthieu Tenenbaum d'espionnage industriel. Les enquêteurs ont déterminé que le responsable sécurité de Renault, Dominique Gevrey, possédait un compte bancaire en Suisse. Cherchant à fuir en Guinée, l'ancien mercenaire a été mis en examen pour escroquerie en bande organisée, et placé en détention provisoire dimanche.


Une société écran à Dubaï


Selon le Canard Enchaîné, des enquêteurs de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, le contre-espionnage, NDLR) sont parvenus à suivre le flux des 245 000 euros versés par Renault pour rétribuer la supposée «source» à l'origine des accusations d'espionnage.


Morcelée en plusieurs versements, pour plus de discrétion, la somme a d'abord transité par l'Espagne, sur un compte détenu par Michel Luc, un ancien employé de la société de renseignement Geos, ami de Dominique Gevrey. Une autre partie de l'enveloppe a été virée à Dubaï, sur le compte d'une société écran montée par Michel Luc. Plus de la moitié de la somme, allégée d'une commission de 10% pour Michel Luc, a ensuite été déposée sur un compte ouvert en 2010 à la Banque cantonale vaudoise de Lausanne par Dominique Gevrey. Mutique pendant sa garde à vue, ce dernier aurait tout de même tenté de convaincre les enquêteurs que ce n'était qu'une étape, la «source» devant récupérer sa rétribution en toute discrétion. Mais elle n'est guère pressée, moque le Canard, puisque l'argent n'a pas été touché.


Lundi, le procureur de la République de Paris Jean-Claude Marin a estimé que l'affaire d'espionnage ne relevait en fait que d'une «possible escroquerie au renseignement» et confirmé que les cadres licenciés ne disposaient pas de comptes à l'étranger. Mais il n'avait pas donné ces détails, accablants tant pour Dominique Gevrey que pour le constructeur automobile. Lundi soir sur TF1, Carlos Ghosn a présenté ses «excuses» aux trois cadres et leur a promis «réparation». Mais l'image de l'entreprise est durablement égratignée. Mardi, François Baroin fustigé la gestion catastrophique de l'affaire. «On ne pourra pas laisser cela sans suite (...) Je trouve anormal qu'une immense entreprise comme celle-ci ait basculé dans un amateurisme et une affaire de Bibi Fricotin et de barbouze de troisième division», a dénoncé le porte-parole du gouvernement.
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