dimanche 6 mars 2011

Affaire Guérini : Le PS est en ébullition

Un bombe. Voilà l'effet du rapport Montebourg contre les pratiques de la fédération PS des Bouches-du-Rhônes, dirigée par Jean-Noël Guérini, au sein de la gauche depuis jeudi. À un peu plus de deux semaines des élections cantonales, et en pleine campagne pour les primaires socialistes qui désigneront à l'automne le candidat du parti à la présidentielle, le rapport Montebourg n'en finit pas de déclencher les passions ou les tentatives d'apaisement.


Ainsi samedi, le numéro 2 du PS, Harlem Désir, et la numéro 1, Martine Aubry ont tenté de relativiser le rapport accablant. « Ce n'est pas parce que quelqu'un lance des accusations, que des faits sont établis », a lancé Harlem Désir sur Europe 1. Et Martine Aubry de plus belle : « aujourd'hui je connais pas de faits précis, lorsqu'il y aura des faits précis je serai capable de prendre des décisions » avant de déclarer : « l'affaire est close ».


Mais vendredi, nombreux au PS ont réagi...


« Qui a été le commanditaire de ce rapport ? Quand est-ce qu'il a été envoyé et pourquoi (est-ce que) ça arrive aujourd'hui à la veille des cantonales ?, : a ainsi demandé Stéphane Le Foll. Ce proche de François Hollande veut des explications, après ce rapport au vitriol d'Arnaud Montebourg divulgué dans la presse la veille. Dans celui-ci, Mr Montebourg dénonce un « système de pression féodal reposant sur l'intimidation et la peur » et des pratiques « clientélistes » qu'exercerait depuis des années Guérini. Il y réclame aussi et surtout sa destitution, au plus vite, « au vu des menaces judiciaires » qui pèseraient sur lui. Après avoir annoncé qu'il portait plainte contre Montebourg pour diffamation, Jean-Noël Guérini a contre-attaqué vendredi en demandant au PS de lancer un audit sur sa fédération, ce qui « permettra de mettre un terme aux rumeurs mensongères et malveillantes ».


Ce rapport « pointe un certain nombre de problèmes » et « il faudra bien qu'on en discute », une fois passées les élections cantonales, a prévenu Stéphane Le Foll, « totalement surpris » par « un rapport dont personne n'a entendu parler et qui sort aujourd'hui ». Pour l'ancien directeur de cabinet de François Hollande, probable candidat aux primaires, les conditions de sa rédaction et de sa publication doivent être « clarifiées ».


« Circulez, y a rien à voir »
Autre candidate aux primaires, Ségolène Royal a lâché vendredi, en marge d'une visite à Nantes, que le PS devait se montrer « exemplaire ». « Nous devons être irréprochables, a-t-elle insisté. La légitimité de tout scrutin ne doit être entachée d'aucune façon. » Dans toutes les têtes : l'élection contestée de Martine Aubry à la tête du PS en novembre 2008 face à Ségolène Royal, qui avait donné lieu à un psychodrame où chaque camp s'était accusé d'avoir bourré les urnes.


« Je ne pense pas qu'on puisse dire "Circulez, y a rien à voir" », a estimé Malek Boutih, en pointant « la fébrilité d'une direction du PS qui chevauche souvent un cheval blanc quand elle est dans le bon rôle » mais « qui a du mal à assumer ses responsabilités ». Il a donc réclamé la création au sein du parti d'« une commission d'enquête sur ce qui se passe dans les Bouches-du-Rhône », rejoint par Jean-Marc Ayrault. Le patron des députés PS a souhaité que « des personnalités indépendantes se rendent sur place et rendent compte aux instances dirigeantes du PS ».


Mais la direction du parti, elle, faisait bloc hier contre Montebourg, en s'étonnant du « timing » d'un rapport qui « fuite » quinze jours avant les cantonales. « On a beau être candidat aux primaires, ça ne veut pas dire que tout est permis », a lancé le numéro 2 du PS, Harlem Désir. Pour le député PS strauss-kahnien Pierre Moscovici, c'est clair : le député de Saône-et-Loire « fait de la politique » en cherchant à relancer sa candidature pour les primaires.


Montebourg se tait
D'autres s'interrogent Rue de Solferino sur « une volonté de déstabiliser » la première secrétaire, alors que celle-ci semble vouloir reprendre du terrain vis-à-vis de Dominique Strauss-Kahn, après l'offensive médiatique du patron du FMI. Car « cette affaire handicape très fort Martine Aubry », souligne le spécialiste du PS Rémi Lefevbre, professeur de sciences politiques à l'université de Lille. « Elle sait que les barons locaux comme M. Guérini sont extrêmement puissants et qu'ils vont jouer un rôle non négligeable » dans la primaire. Avec plus de 7.000 adhérents, la fédération des Bouches-du-Rhône, l'une des premières de France, avait soutenu Ségolène Royal lors du Congrès de Reims en 2008, mais s'en est éloignée depuis. Arnaud Montebourg, lui, se tait. Il est l'invité le 16 mars d'un débat à Paris intitulé... « La gauche est-elle morale ? »
http://www.francesoir.fr/actualite/politique/affaire-guerini-ps-est-en-ebullition-79069.html

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