Dans un rapport "confidentiel" adressé à Martine Aubry sur "les pratiques de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône", le député (PS) Arnaud Montebourg recommande sa mise sous tutelle par la direction du parti et la "destitution" de son président, Jean-Noël Guérini. Datée du 8 décembre 2010, la note décrit notamment "un système de pression féodal reposant sur l'intimidation et la peur" et redoute "les dérives les plus graves dans l'usage de l'argent public".
Le document d'Arnaud Montebourg, fondé sur des témoignages recueillis sur place alors que son auteur était secrétaire national du PS chargé de la rénovation, n'a suscité, pour l'heure, aucune réaction de la première secrétaire, Martine Aubry, ni des instances dirigeantes du parti. Il apporte pourtant un éclairage troublant au moment où la justice semble peu à peu se rapprocher du clan Guérini dans l'enquête sur les marchés publics de l'agglomération marseillaise - dans laquelle Alexandre Guérini, frère du président du conseil général, est mis en examen et incarcéré depuis le 1er décembre. Montebourg affirme d'ailleurs que, depuis l'ouverture de l'enquête judiciaire, "les pressions et les menaces sur les camarades se sont généralisées".
Menaces physiques
"Il m'a paru nécessaire de relater certaines pratiques incompatibles avec l'idéal socialiste et en infraction directe et frontale avec les statuts de notre parti", écrit notamment le député de Saône-et-Loire, candidat déclaré aux primaires socialistes pour 2012. Il relève ainsi : "Tout le système fédéral (des Bouches-du-Rhône) est construit autour de la domination du conseil général sur le parti." À l'en croire, les finances du département seraient notamment utilisées par Jean-Noël Guérini "pour faire pression sur les élus socialistes afin de s'assurer de leur soutien sans faille - pour ne pas dire leur docilité - quand il ne s'agit pas de leur silence".
Le député relève à cet égard que Jean-Noël Guérini "s'est autoproclamé président de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône" en février 2010 alors que ce poste "n'existe pas dans les statuts", évoque "l'utilisation des moyens publics retirés ou attribués au gré des humeurs arbitraires du président (...) en fonction du degré d'allégeance ou de résistance des élus" et assure que "ce système a déjà conduit à des dérives particulièrement préoccupantes". Il cite à ce propos le témoignage d'un élu socialiste (dont le nom n'est pas mentionné dans la note) qui aurait été l'objet de "menaces physiques" et d'"intimidations de la part d'un homme armé se présentant comme défenseur des intérêts du président du conseil général".
http://www.lepoint.fr/politique/le-rapport-montebourg-qui-denonce-les-derives-du-ps-marseillais-02-03-2011-1301496_20.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire