vendredi 4 mars 2011

Marseille : l'affaire Guérini met le feu au PS

Déclenchée par un courrier anonyme il y a deux ans, l'affaire Guérini est en train de tourner, à l'approche des élections cantonales, au règlement de comptes politique dont les enjeux semblent à la fois locaux et nationaux. Depuis l'incarcération en décembre d'Alexandre Guérini, entrepreneur marseillais soupçonné de malversations multiples touchant à des marchés publics dans les Bouches-du-Rhône, les regards se sont tournés vers son frère, Jean-Noël, président du conseil général et patron de la fédération départementale du PS. Avec une question : l'affaire Alexandre Guérini deviendra-t-elle la sienne ?


En janvier, lors de ses voeux à la presse, Jean-Noël Guérini, également sénateur, s'en est défendu Certains, pourtant, ne faisaient plus de sa convocation par le juge qu'une question de jours, avant ou après le scrutin de mars, voué théoriquement à le reconduire à la tête d'un département où le PS dispose d'une large majorité. A deux semaines des élections, il n'a toujours pas été entendu.


Des élus locaux, à l'instar de la conseillère régionale Europe Ecologie Laurence Vichnievsky ou du sénateur UMP Bruno Gilles, ont pris de l'avance sur la justice en attaquant Jean-Noël Guérini sur le terrain politique, à la lumière d'écoutes téléphoniques révélées par «Le Parisien - Aujourd'hui en France». Certaines fuites, remontant à près de deux ans mais versées récemment au dossier, ont relaté, pour la première fois, des conversations entre les deux frères, sans fournir à ce stade d'élément probant à l'encontre du responsable socialiste.


Le rapport Montebourg sème la discorde au PS


Dans ce procès avant l'heure, le rapport au vitriol du député PS Arnaud Montebourg sur les pratiques de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, adressé à Martine Aubry et révélé cette semaine par Le Point, a pris des allures de réquisitoire. Dénonçant un «système de pression féodal reposant sur l'intimidation et la peur», l'élu de Saône-et-Loire a réclamé la destitution de Jean-Noël Guérini, «au plus vite au vu des menaces judiciaires» qui pèseraient sur lui. Une destitution que refuse la direction du PS.


Celle-ci, qui avait validé en septembre l'accession de Jean-Noël Guérini à la tête de la Fédération, pourtant incompatible dans les statuts du PS avec sa présidence du conseil général, a pris ses distances avec le rapport en donnant l'impression de marcher sur des oeufs. Jean-Noël Guérini et la fédération départementale ont, eux, porté plainte contre Arnaud Montebourg, qu'ils accusent de «collusion avec la droite» marseillaise.


Muselier (UMP) : «Aubry a acheté les voix de la plus grosse Fédération PS»


Dans quel but commun ? En mettant hors-jeu l'élu marseillais, certains élimineraient un adversaire pour la mairie en 2014. D'autres pourraient reprendre en main une fédération dont les voix pèseront lourd dans les primaires du PS. Dès le début de l'affaire, les Guérini ont d'ailleurs crié au complot, accusant Renaud Muselier d'être derrière le courrier anonyme à l'origine de l'affaire. Ce que dément le député UMP, qui vise la mairie de Marseille après avoir été privé de la présidence de la communauté urbaine par le PS en 2008.


«Je crois qu'aujourd'hui, la vraie peur de la droite, c'est de perdre la ville de Marseille en 2014, c'est pour ça que Jean-Noël Guérini fait l'objet de ces attaques», a déclaré jeudi Jean-David Ciot, premier secrétaire délégué de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône. Et de mettre en garde: «Aujourd'hui, on commence très mal cette campagne des primaires, c'est une erreur politique personnelle d'Arnaud Montebourg, mais ça pourrait devenir une erreur politique nationale».


Le député UMP, Renault Muselier, profitant de la confusion dans les rangs socialistes, souffle sur les braises dans une interview accordée à RTL. «Mme Aubry est quelque part coupable de complicité, puisqu'elle a acheté les voix d'une des plus grosse Fédération de France du PS pour avoir une tranquillité dans la campagne présidentielle interne qui arrive. Et donc, elle a de fait composé contre les statuts, contre la morale républicaine et vraisemblablement contre la justice à terme avec Jean-Noël Guérini, c'est pas la palce du patron des socialistes.»


Et le député UMP de d'accuser le PS de ne pas faire le ménage dans son propre camp :«Je constate que les socialistes sont capables de demander la démission de Michèle Alliot-Marie lorsqu'elle prend un avion privé en Tunisie mais ne condamnent en aucun cas les dérives financières d'un établissement géré par les socialistes et dans lequel vous avez des trafics d'influence, du blanchiment et des détournements de fonds...»
http://www.leparisien.fr/politique/marseille-l-affaire-guerini-met-le-feu-au-ps-04-03-2011-1342830.php

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