Quatre jours après l’attentat de Marrakech qui a coûté la vie à 16 personnes dont huit Français, Khalid Naciri, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement marocain, affirme que Al-Qaïda est derrière cette attaque terroriste.
Où en êtes-vous dans l'enquête sur les auteurs de cet attentat ?
Khalid Naciri. Il est établi maintenant que la piste la plus probable est celle d'Al-Qaïda. Les éléments de l'enquête permettent de l'affirmer.
Peut-on entrer un peu plus dans les détails ?
Non, cela est prématuré. L'enquête est toujours en cours, et il est évident -je me dois de le rappeler- que la démarche fondamentale en l'occurrence est celle du maximum de sévérité, d'efficacité et de transparence.
Y a-t-il eu une revendication ?
Non, pas encore. Il est évident que les commanditaires de ce genre d'opération n'obéissent pas toujours à la logique des gens normaux comme vous et moi.
Vous avez une piste assez sérieuse s'agissant d'Al-Qaïda ?
Exactement. Je le confirme.
Le 1er mai, les gens sont sortis dans la rue aussi pour dire non au terrorisme...
Aucun doute. Il y a le contexte actuel. Sur la problématique naturelle revendicative du 1er mai sont venus se greffer deux nouveaux éléments. Celui, présent dans tous les esprits: de l'attentat terroriste de Marrakech et de la liste des victimes. Et d'un autre côté, la poursuite du processus des réformes démocratiques institutionnelles, politiques, sociales, économiques. Le Maroc est engagé, comme beaucoup de pays arabes, dans un processus de revendications sociales et politiques menées par les forces démocratiques, etc. Avec cette spécificité marocaine, lorsque les manifestants achèvent leur défilé, ils ne sont pas accueillis par l'armée, mais sont invités sur les plateaux de télévision pour pouvoir s'exprimer. C'est la singularité marocaine en la matière.
Pas de répression ?
Il n'y a jamais eu de réaction violente de la part des autorités ni des forces de l'ordre. Les manifestations se sont toujours déroulées dans le plein respect des exigences légales, même si parfois des manifestants descendent dans la rue sans demander au préalable l'autorisation qui est de mise dans tous les pays démocratiques. Nous pouvons passer outre. Mais ce n'est pas le plus important aujourd'hui. Le plus important, c'est que les jeunes arrivent à s'exprimer dans la liberté la plus totale, mais de manière pacifique. Une multitude de radios libres ont pignon sur rue aujourd'hui et permettent aux citoyens de s'exprimer, y compris les publiques où des débats généraux sont engagés dans le respect de la pluralité des opinions.
Quel a été le message du roi lors de sa visite samedi sur les lieux de l'attentat, a t-il été entendu ?
La communion entre le trône et le peuple est confirmée. Elle l'a été de manière particulièrement éloquente. Personne ne pouvait imaginer que le roi n'accomplirait pas un acte ayant valeur symbolique pour montrer à quel point il était directement concerné par l'épreuve qu'endure actuellement tout le Maroc. Il est évident que tout le Maroc est dans une grosse émotion. Le roi a transmis un message particulièrement significatif au monde entier pour dire que cela ne nous empêchera pas de continuer notre chemin pour construire notre pays, notre démocratie, et aller le plus loin possible dans les réformes que nous avons mises en oeuvre.
En matière de tourisme, cet attentat est un coup dur pour le Maroc...
C'est sûr, je le reconnais, mais nous avons été chaudement accompagnés par une réaction extrêmement positive, extrêmement amicale des touristes, des tours opérateurs des pays qui sont concernés. Le ministre de l'Intérieur Français, M. Guéant, vient de s'exprimer avec beaucoup de clarté pour dire qu'il ne déconseillait pas aux Français de se rendre au Maroc et qu'il faisait confiance aux institutions et aux services de sécurité pour faire leur travail. Je dois constater également que les touristes continuent de venir à Marrakech, même si on peu observer un petit tassement, tout à fait compréhensible. Mais je suis sûr que nous arriverons à remonter la pente en démontrant que le Maroc demeure un pays totalement sûr dans un environnement foncièrement déstabilisé. Tout l'espace méditerranéen est, hélas, déstabilisé par le terrorisme actuellement. Nous allons serrer les coudes, l'Europe et le monde arabo-méditerranéen pour nous entraider mutuellement pour mettre un terme à cette calamité du XXIe siècle, qui s'appelle le terrorisme international.
Qu'attendez-vous précisément de la France aujourd'hui ?
Qu'elle nous accompagne avec la même amitié et la même considération dont elle a toujours fait preuve à l'endroit de ce pays qui le lui rend bien.
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