Après des mois de guerre avec le président Alain de Pouzilhac sur fond d'espionnage, de plainte pour harcèlement et d'enquêtes, Christine Ockrent a décidé de claquer la porte de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF) mercredi, affirmant qu'elle reprenait sa liberté pour se défendre. Dans une interview publiée sur le site du figaro.fr, la directrice générale déléguée de l'AEF, structure qui englobe principalement France 24 et RFI, affirme d'abord qu'elle ne démissionne pas : "Rien ni personne ne peut m'y contraindre. Et d'ailleurs je ne vois pas pour quel motif !".
Elle ajoute cependant immédiatement qu'elle a "décidé d'en finir avec la situation insupportable et totalement figée" dans laquelle elle se trouve. "Après neuf mois de manoeuvres qui ont sali mon honneur et ma réputation, je prends acte de ma révocation déguisée et sans motifs", dit-elle. "J'éprouve aujourd'hui une souffrance que je n'avais jamais expérimentée, insiste-t-elle. Celle d'être isolée, totalement empêchée d'exercer mes fonctions et d'être payée à ne rien faire depuis des mois. J'ai donc décidé de créer les conditions de retrouver ma liberté d'action".
"Gâchis"
Cela faisait des mois que les deux têtes de l'exécutif de l'AEF étaient en guerre, notamment en raison d'un scandale d'espionnage informatique impliquant une collaboratrice de Christine Ockrent, puis d'une plainte contre X pour "harcèlement moral" déposée par l'ancienne présentatrice vedette des JT. Une plainte qui avait conduit à plusieurs perquisitions début mai dans les locaux de l'AEF et de France 24 à Issy-les-Moulineaux. Des perquisitions qui avaient été très mal vécues par la rédaction. En décembre, le personnel de la chaîne d'information internationale avait voté à 85% une motion de défiance contre elle. "France 24 est une jeune chaîne au climat particulier que son PDG considère comme sa propriété personnelle", répond-t-elle au Figaro. Cette guerre a miné la gouvernance de l'AEF, puisque celui-ci fait également l'objet d'un contrôle de l'Inspection générale des Finances (IGF), saisi par le gouvernement, pour vérifier les comptes, tandis que l'Assemblée nationale a mis en place une mission d'information parlementaire.
"Je reprends ma liberté pour me défendre, rétablir mon honneur et ma réputation. Je n'ai pas craqué, je ne lâcherai rien et j'attends toujours qu'Alain de Pouzilhac m'explique pourquoi il faut que je parte", souligne Christine Ockrent, qui ne mettait pratiquement plus les pieds dans les locaux de l'AEF depuis le début de l'année. Elle précise également qu'elle n'a "jamais eu à être entendue" dans le cadre de l'affaire d'espionnage et qu'elle maintient sa plainte pour harcèlement, tandis que faute de contrat de travail car elle est mandataire sociale, elle va réclamer des dommages devant le Tribunal de commerce.
Enfin, alors qu'une partie des salariés de RFI vient de voter une motion de défiance contre Alain de Pouzilhac pour marquer, notamment, son opposition à la fusion avec France 24, elle assure qu'elle a "toujours été opposée à la fusion des rédactions" entre les deux entités. "Pendant deux ans, conclut-elle, Alain de Pouzilhac et moi avons travaillé en bonne intelligence (...). Aujourd'hui, je suis navrée de constater ce gâchis dont je suis la première victime, tout le mal infligé au moral des salariés et à l'image du groupe face à une concurrence mondiale impitoyable".
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