La chaîne CNN rapportait bientôt que l'ennemi numéro 1 de l'Amérique avait été tué dans une résidence située près d'Islamabad, la capitale du Pakistan. Et de premières confirmations parvenaient du Pakistan : "Oui, je peux vous confirmer qu'il a été tué", déclarait ainsi un responsable pakistanais sous couvert de l'anonymat. Interrogé sur l'éventuelle participation des services de renseignement pakistanais dans l'opération, il a juste indiqué: "C'était une opération de nature très sensible en matière de renseignement".
Une opération d'une quarantaine de minutes
Les premiers détails ont été dévoilés par Barack Obama lui-même dans son allocution, peu après 5h30, heure française : il a précisé que le chef d'Al-Qaïda avait été tué lors d'un échange de tirs dans une résidence où sa présence été évoquée en août dernier. L'opération, qui a été menée par une "petite équipe", dont les responsables américains n'ont pas voulu préciser s'il s'agissait de membres de la CIA ou des militaires des forces spéciales, aurait eu lieu, selon lui, dimanche au petit matin. Le "complexe" résidentiel, construit il y a environ cinq ans, mais dont les Etats-Unis ne savent pas depuis combien de temps l'homme le plus recherché de la planète y séjournait, était entouré de hauts murs et de barbelés. Un fils du chef d'Al-Qaïda, deux autres hommes, vraisemblablement des messagers d'Oussama ben Laden, et une femme, derrière laquelle un homme s'abritait, ont été tuées dans le raid qui a duré 40 minutes, selon eux. Deux autres femmes ont par ailleurs été blessées. Plusieurs femmes et enfants se trouvaient alors dans l'enceinte de la résidence. Oussama Ben Laden est mort sous le feu des hommes du commando, dont aucun membre n'a été blessé, a précisé l'un de ces responsables s'exprimant sous couvert d'anonymat lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes. "C'était une opération particulièrement dangereuse", a confié l'un des responsables.
La petite histoire retiendra qu'un hélicoptère utilisé lors de cette attaque commando, victime d'un ennui mécanique, a dû être abandonné sur place et a été détruit pour ne laisser aucun indice éventuel. Outre cette volonté d'effacer les traces, les Etats-Unis, soucieux d'éviter d'offenser les sentiments religieux au sein du monde musulman, ont fait savoir qu'ils s'emploient à ce que la dépouille mortelle d'Oussama ben Laden soit manipulée conformément aux traditions et aux pratiques de l'islam. Le corps d'Oussama ben Laden aurait d'ores et déjà été immergé en mer, selon les chaînes de télévision CNN et MSNBC ; le lieu et les circonstances de cette inhumation n'étaient pas précisés dans l'immédiat. Le corps d'un musulman doit être lavé par des hommes de confession musulmane et inhumé dès que possible, généralement dans les 24 heures suivant le décès. En général, un linceul blanc recouvre le corps, qu'il soit enterré ou immergé.
La dépouille immergée en mer ?
Une dépouille dont les télévisions pakistanaises affirment avoir désormais les images : elles ont ainsi montré le visage partiellement défiguré d'un homme qu'elles présentent comme le leader d'Al-Qaïda, sans pouvoir cependant authentifier l'image. Une image qui suscite déjà de nombreux doutes. Tout comme les conditions dans lesquelles l'opération a été menée : avec ou sans l'aide des autorités pakistanaises ? Côté pakistanais, des membres du renseignement évoquent une "opération conjointe". Mais un haut responsable de l'administration Obama a d'ores et déjà affirmé que les Etats-Unis n'avaient pas prévenu les autorités pakistanaises de l'opération, justifiant la violation de la souveraineté pakistanaise par "l'obligation légale et morale d'agir".
Il s'agit en tout cas d'une réussite majeure pour Barack Obama et son conseil de sécurité nationale. Le prédécesseur d'Obama, George W. Bush, avait traqué en vain pendant près de sept ans et demi, des attentats du 11 septembre 2001 à son départ de la Maison-Blanche en janvier 2009, l'extrémiste d'origine saoudienne. Selon certaines informations, ben Laden avait failli être tué par un bombardement américain fin 2001 dans les montagnes de Tora Bora, dans l'est de l'Afghanistan. De nombreux spécialistes du renseignement estimaient qu'il se cachait depuis au Pakistan.
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