samedi 28 mai 2011

Les pressions s'intensifient pour contraindre Kadhafi au départ

L'Otan a mené samedi un raid aérien en plein jour sur Tripoli, dans le cadre d'une intensification des pressions militaires et diplomatiques exercées sur le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi pour qu'il renonce au pouvoir.
Une forte détonation a retenti vers 08h00 GMT dans la capitale libyenne, sans que l'on sache si elle avait été causée par une bombe ou par un missile, ni quelle en était la cible.
Pour la cinquième nuit consécutive, l'Otan avait déjà bombardé vendredi soir plusieurs sites dans la capitale libyenne.
La radio-télévision libyenne et la chaîne arabe d'information Al Arabia ont rapporté que des raids de l'Otan avaient aussi causé des dommages "humains et matériels" près de Mizda, au sud de Tripoli.
La Russie s'est jointe vendredi aux dirigeants occidentaux pour exhorter Kadhafi à quitter le pouvoir, et elle a offert sa médiation à cet effet.
Ce changement d'attitude de Moscou, qui avait précédemment critiqué les bombardements de l'Otan en Libye, vient conforter l'alliance.
L'Otan effectue depuis dix semaines des raids aériens dans le cadre d'un mandat du Conseil de sécurité sur la protection des civils contre les attaques des forces kadhafistes.
Ce faisant, l'alliance s'est néanmoins placée de fait aux côtés des insurgés qui cherchent à renverser Kadhafi.
Lors de la réunion du G8, à Deauville, le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré que la guerre menée en Libye entrait dans une nouvelle phase et que le déploiement d'hélicoptères Apache britanniques accroîtrait la pression sur Kadhafi.
Le président russe Dmitri Medvedev a affirmé que Kadhafi, qui s'est emparé du pouvoir en 1969 à la faveur d'un coup d'Etat, n'était plus considéré comme le dirigeant de la Libye par la communauté internationale.
Il a ajouté qu'il envoyait un émissaire en Libye pour entamer des discussions, sans cependant présenter de plan précis pour un départ du colonel Kadhafi.
A Tripoli, le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a déclaré lors d'une conférence de presse que le gouvernement n'avait pas été officiellement informé de la position russe. "Toute décision sur l'avenir politique de la Libye appartient aux Libyens et à personne d'autre", a-t-il souligné.
En dépit du revirement russe, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, s'est montré sceptique quant aux perspectives de départ volontaire du dirigeant libyen.
"Connaissant son état d'esprit, je ne pense pas qu'il soit prêt à céder", a-t-il dit.
De précédentes tentatives de médiation menées par l'Union africaine, la Turquie et les Nations unies se sont heurtées au refus de Kadhafi de partir et à celui des insurgés d'accepter toute autre issue.
Sur le terrain, Misrata, aux mains des insurgés, a été vendredi, pour le deuxième jour consécutif, le théâtre de violents combats.
Des médecins de l'hôpital de Misrata, troisième ville de Libye, ont fait état de cinq morts et une quinzaine de blessés parmi les insurgés.
Les forces kadhafistes ont aussi intensifié leurs attaques contre Zentane, dans une région montagneuse à la frontière tunisienne, où les rebelles résistent depuis plusieurs mois à leurs assauts.
Dans une lettre ouverte adressée via internet au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le Mouvement de la jeunesse libyenne lance un appel à l'aide pour la population de deux villes de l'ouest, Yafran et Qala'a, assiégées depuis le 3 avril par les forces gouvernementales.
La lettre, dont le contenu n'a pu être vérifié de source indépendante, explique que les habitants sont privés d'électricité et sont à court de vivres, d'eau et de médicaments. Elle ajoute que trois civils ont été tués ces dernières 24 heures et que deux personnes ont succombé à une crise cardiaque ces deux derniers jours.
Samedi, Djouma Ibrahim, porte-parole des insurgés à Zentane, a déclaré que Yafran restait contrôlé par les gouvernementaux mais que les insurgés avaient attaqué les forces kadhafistes à al Kiklah, à 15 km à l'est de Yafran.
"Trois révolutionnaires ont été tués dans la bataille, a-t-il dit. Les révolutionnaires ont détruit plusieurs véhicules militaires, notamment des véhicules de transport de troupes et des batteries d'artillerie. Trente soldats de Kadhai et deux officiers ont été pris en otages."
A Benghazi, deuxième ville du pays et siège d'un gouvernement provisoire instauré par les insurgés, l'ancien gouverneur de la banque centrale libyenne, Farhad Omar Bin Guidara, qui avait quitté le pays en février, a annoncé vendredi qu'il apportait sa coopération aux rebelles.
http://www.lexpress.fr/actualites/2/actualite/les-pressions-s-intensifient-pour-contraindre-kadhafi-au-depart_997440.html

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