La France juge de plus en plus plausible la thèse de l'enlèvement après la mystérieuse disparition de trois humanitaires français, samedi dans le sud-est du Yémen. «Il est évident qu'au fur et à mesure que le temps passe, l'hypothèse d'une simple disparition devient moins crédible», a déclaré Alain Juppé lors d'une conférence de presse.
En fin d'après-midi, le véhicule des trois humanitaires a été retrouvé «non endommagé», ce qui «conforte» l'hypothèse de l'enlèvement, selon le Quai d'Orsay.
Un peu plus tôt, Alain Juppé avait assuré que tous les services étaient mobilisés mais refusé de parler d'enlèvement « tant que nous n'avons pas la preuve, soit par une revendication, soit par des indices matériels, d'un enlèvement»
Dans la matinée, les services de sécurité yéménites disaient rechercher activement les trois Français disparus, deux jeunes femmes et un homme. Un responsable local n'a, en revanche, pas confirmé la thèse d'un enlèvement. Cette disparition intervient à un moment où le pays est au bord de la guerre civile. L'ONG lyonnaise Triangle Génération Humanitaire, présente au Yémen depuis 1998, et à laquelle appartiennent les trois disparus a décidé de rapatrier une partie de ses salariés.
Ils avaient refusé «toute protection des autorités yéménites»
«Tous les services de sécurité sont mobilisés et ratissent la région, dans les vallées et le désert», a déclaré Omair Moubarak Omair, numéro trois de la province du Hardramout où les trois humanitaires français ont disparu. «Pour le moment, nous considérons qu'ils sont portés disparus et n'avons aucune preuve de leur enlèvement», a-t-il dit.
Les trois Français travaillent avec une équipe de 17 Yéménites à Seyoun. Selon le responsable de leur ONG, ils ont à plusieurs reprises «refusé catégoriquement toute protection des autorités yéménites», affirmant qu'ils n'en avaient pas besoin. Respectivement âgés de 26, 32 et 29 ans, ils travaillaient depuis mars dernier sur les programmes de développement, de sécurité alimentaire et de gestion de l'eau.
Les opposants au président Saleh condamnent «l'enlèvement»
Le Forum commun, une alliance de partis yéménites opposés au président Saleh, a condamné «l'enlèvement» que les autorités yéménites et l'ONG ont présenté jusqu'à présent comme une disparition. Le Forum commun souligne que l'incident est intervenu après «les positions de la France soutenant les demandes du peuple yéménite et sa révolution pacifique», en référence à la condamnation le 12 mai par Paris de «l'usage excessif de la force contre les manifestants» qui réclament depuis fin janvier le départ du président Saleh. Ces partis d'opposition ont demandé «la libération immédiate des Français et de leur chauffeur yéménite», affirmant que «ce crime porte atteinte à l'image du Yémen.»
Jeudi dernier , le ministère français des Affaires étrangères avait appelé tous les Français se trouvant au Yémen à «quitter provisoirement le pays au plus vite», en raison des affrontements de plus en plus violents entre manifestants réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh et forces de l'ordre. Vendredi, le Quai d'Orsay avait précisé avoir fait partir du pays les personnels non essentiels de son ambassade.http://www.leparisien.fr/international/yemen-decouverte-du-vehicule-des-trois-francais-disparus-30-05-2011-1473360.php
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