Nouveau rebondissement judiciaire dans l'incroyable feuilleton de l'affaire Bettencourt : Me Olivier Metzner, l'avocat de Françoise Bettencourt-Meyers, fille de la milliardaire, a fait délivrer mercredi des citations directes visant à engager de nouvelles poursuites pénales contre le photographe François-Marie Banier, l'homme d'affaires Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de l'octogénaire, et l'ancien avocat de celle-ci, Me Fabrice Goguel.
Soupçonnés par la plaignante d'"abus de faiblesse" au préjudice de sa mère, héritière de L'Oréal, les trois hommes devront théoriquement comparaître le 25 novembre devant la 15e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre, que préside la juge Isabelle Prévost-Desprez. Cette magistrate, déjà saisie des poursuites initiales visant François-Marie Banier, est l'objet d'une demande de dessaisissement formulée par le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, dans un contexte de rivalités particulièrement vives au sein de la juridiction. La Cour de cassation doit prochainement décider de confier tout ou partie des procédures relatives à l'affaire Bettencourt à un autre tribunal, ou de maintenir sa confiance en la juge.
État de faiblesse
Les poursuites lancées contre les trois suspects, proches à des degrés divers de Liliane Bettencourt, se fondent à la fois sur les éléments issus des investigations de la brigade financière après la plainte déposée par Françoise Bettencourt en 2007 et sur le contenu des fameux enregistrements du maître d'hôtel de la milliardaire - révélés par Le Point et le site Mediapart. Ces enregistrements ont dévoilé certaines manoeuvres commises par l'entourage de la vieille dame et dont celle-ci semble avoir été victime.
L'avocat de Françoise Bettencourt reproche notamment à François-Marie Banier d'avoir profité de l'état de faiblesse et de "sujétion psychologique résultant de pressions graves et réitérées" pour se faire désigner par Liliane Bettencourt comme son légataire universel - disposition que la vieille dame a annulée depuis la révélation des enregistrements. Il accuse aussi le photographe d'avoir "détourné la propriété" de l'île d'Arros, aux Seychelles, qui appartenait à Liliane Bettencourt, et de s'être fait allouer par elle une somme de 20 millions d'euros pour entretenir ce bien. Les poursuites précédemment engagées à son encontre portaient déjà sur la remise, sous diverses formes, de 993 millions d'euros issus des biens de Liliane Bettencourt.
Pressions
Patrice de Maistre, homme de confiance de la milliardaire et gestionnaire de ses biens depuis 2004, est suspecté, lui, de complicité des délits d'"abus de faiblesse" reprochés à François-Marie Banier, mais aussi d'avoir perpétré d'autres abus à son profit personnel, "en s'étant notamment fait désigner comme mandataire chargé de ses biens dans le cadre d'un mandat de protection future" dont les enregistrements ont révélé l'existence jusqu'alors secrète. La citation délivrée à son encontre relève, en outre, la donation de 5 millions d'euros obtenue par l'homme d'affaires, "une augmentation significative de ses rémunérations" et "les fonds nécessaires à la réalisation d'un projet d'acquisition d'un voilier".
Enfin, l'avocat Fabrice Goguel se voit reprocher, lui aussi, des faits de complicité d'abus de faiblesse au préjudice de la milliardaire, en "aidant ou en assistant sciemment" François-Marie Banier dans les délits qu'il pourrait avoir commis.
Me Metzner assure que les éléments issus du dossier "permettent de constater que la situation de faiblesse de Mme Bettencourt ainsi que les pressions exercées à son encontre ou encore les techniques propres à altérer son jugement exercées par MM. Banier et de Maistre visant à obtenir de nombreux dons, legs et autres avantages personnels caractérisent le délit d'abus de faiblesse".
http://www.lepoint.fr/societe/exclusif-de-nouvelles-poursuites-contre-banier-et-de-maistre-dans-l-affaire-bettencourt-03-11-2010-1257940_23.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire