C'est une nouvelle étape qui a été franchie au lendemain de révélations accréditant l'existence d'un lien entre l'arrêt du versement de rétrocommissions et l'attentat de Karachi en 2002. Invité vendredi soir du 20h de TF1 alors que des familles de victimes entendent porter plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui" et "homicide involontaire" (lire notre article - Karachi : Chirac et Villepin visés par une plainte), il a donné sa version. Et veut la donner à la justice. Dominique de Villepin a affirmé avoir demandé à être entendu comme témoin par le juge Renaud Van Ruymbeke qui enquête sur un volet financier de l'affaire, "le plus rapidement possible (..) et si possible dès la semaine prochaine", a-t-il dit
Racontant comment le dossier a été pris à l'arrivée de Jacques Chirac à la tête du pays en 1995, l'ex Premier ministre qui fut secrétaire général de l'Elysée sous la présidence de Jacques Chirac a fait état de "très forts soupçons de rétrocommissions" -soit des faits de corruption- vers la France en 1995, en marge de "deux contrats" d'armement. L'un avec l'Arabie Saoudite et l'autre avec le Pakistan. Celui de vente de sous-marins au Pakistan en 1994, ayant conduit le président à ordonner l'arrêt du versement des commissions pour ces contrats. "A partir de là, le président a donc décidé d'interrompre les versements de commissions pouvant donner lieu à des rétrocommissions."
Risque terroriste : "aucune information spécifique"
"Oui, Jacques Chirac (en 1995) a souhaité moraliser la vie publique internationale, c'est-à-dire interrompre tous les contrats qui pouvaient donner lieu à des commissions. Il y avait des commissions légales et des commissions qui revenaient vers la France, vers des personnalités politiques ou non, qui elles étaient illégales", a encore expliqué l'ancien Premier ministre, sans nommer personne.
Quant au risque pour les personnels sur place, en cas d'arrêt de versement des commissions, Dominique de Villepin a assuré qu'à l'époque, il n'y avait "aucune information spécifique circonstanciée" sur un risque terroriste, insistant sur le fait que l'attentat a eu lieu en 2002 et non en 1995. "Ce qui a été arrêté, ce sont les commissions versées par les intermédiaires non Pakistanais", a-t-il dit insistant sur le fait que "ces commissions ne concernait pas des personnalités pakistanaises" et estimant que "nous sommes dans l'amalgame, l'approximation".
L'Elysée dénonce des "rumeurs malbeillantes"
La réplique de l'Elysée n'a pas tardé. Elle est venue en la forme d'un communiqué long, c'est rare, de deux pages, et mis en Une du site de l'Elysée dans la soriée. Le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, y dénonce les "insinuations" visant Nicolas Sarkozy dans l'affaire Karachi, parlant également de "rumeur malveillante" à propos des soupçons de financement illégal de la campagne d'Edouard Balladur en 1995. "Il n'est (...) pas acceptable que ce drame soit utilisé comme un argument de circonstance pour alimenter la démarche entreprise par ceux qui n'ont d'autre préoccupation que d'impliquer le chef de l'Etat, par une succession d'insinuations, dans une affaire qui ne le concerne en rien", écrit-il.
"Affirmer sans autre forme de procès que les conditions du marché d'armement Agosta avec le Pakistan (pour la vente de sous-marins, ndlr) auraient eu pour conséquence de contribuer illégalement au financement de la campagne électorale du Premier Ministre de l'époque, dont les comptes ont été validés par le Conseil Constitutionnel, relève de la rumeur malveillante qui vise à jeter le discrédit sur la vie politique de notre pays", écrit encore Claude Guéant. "Nicolas Sarkozy n'a par ailleurs jamais été le responsable, ni le trésorier, de la campagne de M. Edouard Balladur. Il en était le porte-parole", ajoute-t-il.
L'Elysée réfute aussi les accusations d'entrave à l'enquête et précise que s'il est fait de nouvelles demandes de levée de secret-défense, elles seront "examinées au cas par cas". Le bras droit de Nicolas Sarkozy dénonce "des allégations calomnieuses, parfois présentées comme de prétendues certitudes, portées contre la personne ou l'action de Nicolas Sarkozy et qui ne reposent cependant sur aucun commencement de preuve". Claude Guéant ajoute encore qu'"à aucun moment, alors qu'il était ministre du Budget de 1993 à 1995, Nicolas Sarkozy n'a eu à approuver des commissions relatives à des marchés à l'exportation, la procédure d'agrément préalable en cette matière ayant été supprimée dès le mois d'octobre 1992". "De plus, la négociation des contrats d'armement évoqués avait été engagée bien avant que Nicolas Sarkozy ne devienne ministre du Budget", fait-il valoir.
La justice enquête sur la piste d'éventuelles représailles pakistanaises en raison d'un arrêt -décidé donc par Jacques Chirac après son élection en 1995- du versement de commissions pour la vente de sous-marins Agosta promises par le gouvernement d'Edouard Balladur (1993-1995).
http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-11/karachi-villepin-parle-de-tres-forts-soupcons-de-retrocommissions-6155536.html
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