La sphère politique française rattrapée par son passé ? Dominique de Villepin a affirmé dimanche soir sur TV5Monde qu'il n'y avait "pas de preuve formelle de rétrocommissions" mais seulement des "soupçons", dans le cadre du contrat d'armement avec le Pakistan au coeur de l'affaire de l'attentat de Karachi.
"Il n'y a pas de preuve formelle de rétrocommissions" vers la France dans ce dossier, a déclaré l'ancien secrétaire général de l'Elysée de Jacques Chirac. Ce dernier avait, après son arrivée à l'Elysée en 1995, décidé de stopper le versement de certaines commissions dans ce contrat, soupçonnant des irrégularités. "Nous ne sommes pas rentrés dans la question du financement politique", a encore affirmé Dominique de Villepin, alors que la justice enquête sur un éventuel financement illégal de la campagne d'Edouard Balladur en 1995. "Il y avait des soupçons (...). Il n'y a pas eu d'enquête pour savoir si telle ou telle personne" avait récupéré des fonds, a encore dit l'ancien Premier ministre.
Audition d'Alain Juppé
Dans le même dossier, une autre personnalité est concernée. Des familles de victimes vont demander "dès lundi" l'audition par la justice du ministre de la Défense Alain Juppé, Premier ministre en 1995 lors de l'arrêt des commissions susceptible d'être à l'origine de l'attentat de Karachi, a annoncé dimanche leur avocat. "Nous allons demander dès demain (lundi) au juge Renaud Van Ruymbeke d'entendre M. Juppé car il était Premier ministre en 1995 au moment de l'arrêt des commissions", a précisé Me Olivier Morice.
La justice suit la piste de représailles pakistanaises à l'arrêt des commissions, décidé par Jacques Chirac en 1995, sur un contrat de vente de sous-marins Agosta, conclu par le gouvernement d'Edouard Balladur. "L'audition de M. Juppé nous intéresse également car c'est lui qui, depuis Matignon en 1995, a autorisé les écoutes téléphoniques réalisées sur des membres du cabinet de François Léotard", ministre de la Défense du gouvernement Balladur.
Alain Juppé, ministre de la Défense depuis le 14 novembre, a souligné dimanche l'absence de "preuves" dans l'affaire de l'attentat de Karachi, affirmant qu'il n'avait pas lui-même entendu parler de "rétrocommissions" quand il était Premier ministre, sur des contrats de ventes d'armes au Pakistan. "M. Juppé a la mémoire courte depuis qu'il est entré au gouvernement, c'est également pour cette raison que nous demandons son audition", a commenté Me Morice.
Charles Millon, ministre de la Défense à partir de 1995, a confirmé lundi devant le juge Van Ruymbeke qu'il y avait des rétrocommissions, c'est-à-dire de la corruption, vers des décideurs français en marge de ce contrat. Il avait précisé au juge que des membres du cabinet de son prédécesseur, M. Léotard, avaient été écoutés mais que ces surveillances n'avaient rien donné.
http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-11/karachi-villepin-relativise-juppe-entendu-lundi-6156827.html
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