Magali Drouet et Sandrine Leclerc, filles de deux ouvriers ayant péri dans l'attentat de Karachi, au Pakistan, le 8 mai 2002, livrent leur vision des faits et dénoncent l'attitude de Nicolas Sarkozy dans une interview à Mediapart publiée mardi 16 novembre.
Les deux femmes, porte-parole du Collectif des familles des victimes décédées, et auteurs d'un ouvrage, "On nous appelle les Karachi" (Ed. Fleuve Noir), tentent depuis huit ans de démêler cette affaire tentaculaire.
L'enquête sur l'attaque, qui a tué onze salariés français de la Direction des constructions navales et trois Pakistanais, est désormais instruite par le juge antiterroriste Marc Trévidic. Alors que l'hypothèse Al-Qaïda a longtemps été privilégiée, le juge semble dorénavant considérer que l'attentat pourrait provenir d'un règlement de comptes entre le Pakistan et la France, lié à l'arrêt de commissions versées en marge du contrat de vente des sous-marins.
La vente de ces sous-marins a donné lieu au versement de commissions, 6,25% d'un côté et 4% à deux intermédiaires étrangers, imposés par le pouvoir politique de l'époque, selon les responsables de la Direction des constructions navales entendus par la justice. Le gouvernement était dirigé par Edouard Balladur. Celui-ci s'est toujours défendu d'un financement occulte de sa campagne présidentielle de 1995 dont le porte-parole était Nicolas Sarkozy et ministre du Budget.
"Des trucs comme ça"
Sandrine Leclerc et Magali Drouet estiment que le chef de l'Etat a peu à peu coupé les ponts avec les familles, à mesure que l'affaire prenait une tournure politico-judiciaire. Les proches des victimes n'ont par ailleurs pas digéré les déclarations de Nicolas Sarkozy, qui au cours d'une conférence de presse à Bruxelles, le 19 juin 2009, a déclaré que "Karachi c'est la douleur des familles et des trucs comme ça ...".
Sandrine Leclerc dénonce par ailleurs l'attitude de l'ex-juge antiterroriste juge Jean-Louis Bruguière, à qui l'affaire a tout d'abord été confiée. La jeune femme critique un personnage "lointain", qui employait "un jargon juridique", dans le but, selon elle, de tenir à distance les familles de victimes.
Pressions
Le juge ne s'intéressait qu'à une seule piste : celle menant à Al-Qaïda, en dépit de nombreux documents mis à sa disposition. A partir de 2007, le juge Marc Trévidic prend le relais de l'affaire et se penche sur les dessous du contrat de vente de sous-marins au Pakistan, au grand soulagement des familles.
Magali Drouet relate par ailleurs avoir été l'objet de pressions depuis deux ans. Elle dit avoir subi un cambriolage chez elle, reçu des coups de fil de menaces, et déjoué une filature, à Paris, lors d'un rendez-vous avec un journaliste de Mediapart.
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20101116.OBS2992/karachi-deux-filles-de-victimes-accablent-nicolas-sarkozy.html
1 commentaire:
D'après ce que j'ai lu ailleurs, c'est Chirac qui une fois élu a cessé les paiements, ce qui aurait eu pour conséquences la colère des commissionnés et l'attentat en représailles .
Si c'est vrai, on peut comprendre l'inquiétude de Baladur&co .
miragen
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