Les montages juridiques et financiers autour de cet îlot des Seychelles alimentent les soupçons des enquêteurs.
Le volet suisse de l'affaire Bettencourt progresse. Un membre de l'équipe de Philippe Courroye, procureur de Nanterre, devrait se rendre très prochainement à Genève pour prendre connaissance des documents désormais accumulés par le juge d'instruction suisse Jean-Bernard Schmid. Le procureur s'intéresse en effet de très près au montage complexe concernant l'île d'Arros, et a chargé la justice genevoise d'enquêter sur une possible escroquerie à l'égard de l'héritière de L'Oréal. La défense de Liliane Bettencourt a elle-même écrit pendant l'été une lettre au procureur en ce sens, craignant que la milliardaire ait été abusée par son entourage.
Si les virements ayant permis le rachat de ce petit coin de paradis à la famille du chah d'Iran par les Bettencourt, il y a une dizaine d'années, ont pu être retracés, c'est le glissement, ensuite, de la propriété de l'île vers une fondation basée au Lichtenchstein qui intrigue la justice. En effet, Arros ayant été acquise à partir de capitaux placés en Suisse - qui ont échappé à toute fiscalisation en France - l'entourage de Liliane Bettencourt aurait cherché en 2006 à «régulariser» sa situation. L'idée était de faire disparaître définitivement cette terre du bout du monde aux yeux du fisc français. L'île devient alors, grâce aux talents conjugués de Fabrice Goguel alors avocat fiscaliste de Liliane Bettencourt et d'Edmond Tavernier, avocat genevois, la propriété d'un établissement entièrement aux mains de ceux qui font fonctionner la fondation. C'est-à-dire de son président et de son «protecteur», soit… Fabrice Goguel et Edmond Tavernier.
La fondation est dotée d'un capital de 20 millions d'euros, versés en 2008 par Liliane Bettencourt, qui n'a toutefois plus de pouvoir sur ce bien. La milliardaire devient en effet locataire de l'île, dont elle paye à grand frais l'entretien. Le protecteur et le directeur de la fondation bénéficient chacun d'une rémunération annuelle de 50.000 euros.
Les enquêteurs restent intrigués par le but «écologique et esthétique» de la fondation. En effet, note l'un d'eux, si ce but - difficile à définir - devenait «inatteignable», en droit, la fondation pourrait être dissoute. Dans ce cas, les bénéficiaires désignés pourraient entrer en jeu et se répartir le capital. L'analyse de ce savant montage montrerait que ces bénéficiaires sont bien François-Marie Banier, son compagnon, ainsi que trois associations de lutte contre le sida pilotées par l'épouse du Dr Gilles Brücker, un autre proche de Liliane Bettencourt et de François-Marie Banier. Le soin de répartir les sommes entre les bénéficiaires reviendrait alors, en principe, au protecteur de l'île.
Banques suisses
D'autre part, la fondation pourrait éventuellement changer de but, sous contrôle d'une autorité dédiée. La justice s'interroge donc sur la transparence de l'ensemble de ces opérations pour celle qui était, en principe, la principale intéressée, c'est-à-dire Liliane Bettencourt. En même temps que les documents saisis chez les conseils genevois de Liliane Bettencourt, Philippe Courroye prendra connaissance des relevés de comptes de la milliardaire transmis par les banques suisses. Mais la saisine de la justice suisse ne porte actuellement que sur des soupçons d'abus de confiance, pas de financement politique
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/09/21/01016-20100921ARTFIG00679-bettencourt-l-ile-d-arros-intrigue-courroye.php
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