Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, doit être entendu fin septembre comme témoin par le juge Renaud Van Ruymbeke dans le cadre de l’instruction, ouverte à Paris, sur l’affaire Madoff. Le magistrat du pôle financier souhaite notamment comprendre quel rôle exact l’homme de confiance de Liliane Bettencourt aurait joué dans cette gigantesque arnaque.
Jusqu’à présent, la milliardaire française a toujours été présentée comme une des nombreuses victimes de Bernard Madoff, l’escroc américain. Ses pertes sont évaluées, par ses avocats, aux alentours de 30 M€. Mais ce scénario, au fil des mois, est apparu de plus en plus fragile.
Un fonds privé pour vendre du Madoff. En 1997, une structure est créée au Luxembourg qui, portée par la banque BNP Paribas, commercialise des produits Madoff. Son nom : Oreades, en référence aux nymphes des montagnes qui, dans la mythologie grecque, font cortège autour de Diane chasseresse. Ses créatrices, les sociétés Thétys et Gespral, sont détenues à 100% par la famille Bettencourt. Un de ses principaux administrateurs est Jean-Paul Delattre, à l’époque gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt. Oreades est présentée à des investisseurs comme un « fonds privé » : on y accède sur autorisation expresse de l’héritière de L’Oréal. « Dans le milieu de la finance, le nom de Bettencourt a toujours été attractif », précise Me Emmanuel Asmar dont un des clients, à partir de 2002, y a investi plusieurs millions d’euros. Pendant des années, Oreades fonctionne à merveille. « Sans être spéculatifs, ses rendements étaient réguliers, donc rassurants », indique Me Asmar.
Des doutes sur les pertes de Liliane Bettencourt. Curieusement, alors que l’Oreades totalise 280 M€ d’actifs et affiche des rendements positifs, elle est liquidée en février 2004 et remplacée par une autre strcture baptisée Luxalpha. Elle n’est plus adossée à la BNP mais à la banque suisse UBS. Elle demeure chargée de commercialiser des produits Madoff. Patrice de Maistre, qui a succédé à Jean-Paul Delattre en 2001, a-t-il alors des doutes sur le système? La BNP Paribas commence-t-elle à se méfier des montages financiers de Madoff? « Compte tenu de la régularité de ses performances, il n’y avait aucune raison de liquider Oreades », s’étonne Me Asmar.
« Aujourd’hui, personne ne sait, au juste, ce que sont devenus les millions de Liliane Bettencourt », indique un observateur du dossier. Une chose est sûre : entre 2007 et 2008, alors qu’il a recruté Florence Woerth chez Clymène, Patrice de Maistre rencontre Bernard Madoff au moins une fois, aux Etats-Unis. Et en décembre 2008, quand le scandale éclate, la fortune de l’héritière de L’Oréal n’est guère touchée.
A-t-elle même perdu de l’argent? Me Asmar s’interroge. « On nous parle d’une perte de 30 M€, ce qui est déjà très peu au regard de sa fortune », commente l’avocat. Et, dans les comptes de ses sociétés, ce trou reste pour l’instant introuvable. Au juge Renaud Van Ruymbeke, réputé pour sa sagacité, de démêler ce nouvel écheveau.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/les-relations-entre-maistre-et-madoff-intriguent-la-justice-10-09-2010-1061937.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire