Derrière les propos de Laurette Onkelinx, membre influente du Parti socialiste francophone, sourd une inquiétude : « Il faut se préparer à la fin de la Belgique, affirme-t-elle dans une interview publiée par le quotidien La Dernière Heure. Et la Vice-Première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, dans l’actuel gouvernement cantonné à la gestion des affaires courantes, d’ajouter : « Enormément de personnes imaginent que cela est possible. Les politiques doivent donc s’y préparer. » En effet, royaume est au bord de l’éclatement.
Deux médiateurs
Alors que depuis juillet, la Belgique assure, pour une durée de six mois, la présidence tournante de l’Union européenne, elle ne cesse de glisser vers la partition. Dernière étape de ce processus que rien ne paraît pouvoir freiner : l’abandon du leader socialiste francophone, Elio Di Rupo, que le roi Albert II avait chargé, le 9 juillet dernier, de former un nouveau gouvernement, à la suite des élections législatives du 13 juin, qui avaient été marquées par le score historique de la N-VA (Nouvelle Alliance Flamande), un parti indépendantiste, passée entre 2007 et 2010, de 4 % à 29 % des voix. Dès la défection d’Elio Di Rupo, le souverain a confié la mission de relancer les négociations aux présidents de la Chambre des députés et du Sénat. « Ceci est nécessaire, précisait un communiqué du Palais royal, pour préserver le bien-être économique et social des citoyens et pour réformer durablement nos institutions. » Les deux médiateurs représentent les principales formations politiques des deux communautés qui divisent le pays : le premier, le socialiste André Flahaut, est francophone, le second, Danny Pieters, est membre du parti indépendantiste flamand N-VA (Nouvelle Alliance flamande).
Depuis trois ans
Autre figure socialiste francophone, Philippe Moureaux, sénateur, ancien ministre, ne se fait guère d’illusion : « On est à présent dans un processus de délitement de l’Etat. On va peut-être entrer dans l’organisation progressive de la séparation. » Voilà trois ans que les crises politiques se succèdent. En 2007-2008, le chrétien-démocrate flamand, Yves Leterme, partisan d’une plus grande autonomie de la Flandre avait mis plus de six mois à former un gouvernement.
Depuis que le 14 juillet 2008, il a présenté sa démission, faute d’un compromis entre francophones et néerlandophones sur la réforme de l’Etat, quatre autres chutes de gouvernement se sont succédé. Au centre de ce qui ressemble à une lente désagrégation du royaume qui obtint son indépendance le 4 octobre 1830 à la suite d’une révolution contre les ducs d’Orange et l’armée hollandaise : de traditionnels différends linguistiques entre francophones et néerlandophones. Auxquels s’ajoutent des griefs économiques, les seconds, 60 % de la population, reprochant aux premiers de vivre à leurs crochets.
Aussi, quand les francophones de la région de Bruxelles, enclave mixte située en Flandre, acceptent d’abandonner leurs droits spécifiques en échanges de subventions supplémentaires pour combler le déficit de leur ville, ils se heurtent à un refus. Autant de sujets de discorde soulignés par un clivage politique mis en relief par les élections législatives de juin dernier : la Flandre est majoritairement à droite et la Wallonie à gauche.
http://www.francesoir.fr/etranger-europe-politique/nouveau-pas-de-la-belgique-vers-la-partition.17930
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