La sortie du livre de la prisonnière française, «À l'ombre de ma vie», a conduit la presse mexicaine à évoluer dans son traitement de l'affaire.
Les médias mexicains étaient nombreux, mercredi, lors de la présentation du livre de Florence Cassez A la sombra de mi vida. Nombreux et étonnamment compréhensifs. La Française de 35 ans a été condamnée à 60 ans de prison pour trois enlèvements. Dans un pays où le fléau du kidnapping provoque des réactions viscérales.
De fait, la presse mexicaine a longtemps été impitoyable avec Florence Cassez, la présentant comme une cruelle kidnappeuse. Plus dérangeant, plusieurs médias mexicains ont contribué au relais d'un mensonge. Le 9 décembre 2005 au matin, les deux principales chaînes de télévision retransmettaient - soi disant en direct - la libération de trois otages et l'arrestation de deux kidnappeurs : Florence Cassez et son ex-fiancé, Israel Vallarta.
Les journalistes ainsi que la police ont reconnu par la suite que ces images étaient le résultat d'un montage. Florence Cassez et Israel Vallarta avaient été arrêtés sur la route. Le flagrant délit de «Florence Cassez en présence d'otages dans le ranch où elle vivait» n'existe donc pas.
Ensuite, la presse mexicaine va s'acharner. À juste titre selon les journalistes interviewés. Francisco Resendiz de l'Universal évoque «des sources sûres qui lui communiquent alors des preuves de la culpabilité de la Française ». C'est lui qui écrira que Florence Cassez repérait les victimes potentielles parmi les clients fortunés de l'hôtel où elle travaillait.
La Jornada, elle, va publier une lettre d'une des victimes affirmant que Florence Cassez lui hurlait dessus alors que son ex-fiancé la violait. Des récits qui posent question dans la mesure où ces déclarations n'apparaissent pas dans le dossier judiciaire.
Depuis quelques mois, ces mêmes journalistes reviennent sur leur traitement de l'affaire. Oralement, ils font un mea culpa, reconnaissent avoir «peut-être été manipulés par la police à l'époque». À l'écrit, leurs articles changent du tout au tout.
Le dernier article de Francisco Resendiz sur le sujet raconte une visite à la prison et déroule la version de celle qu'il nommait «la criminelle».
Sceptique sur le fond
Si les rédactions mexicaines restent divisées sur le sujet, le fait est que plus aucun journal ne titre sur «la kidnappeuse française». Et de plus en plus d'éditorialistes prennent sa défense : Lydia Cacho (Universal), Guadalupe Loaeza (Reforma), Javier Solorzano (Radio Trece). Ce dernier, s'il reste sceptique sur le fond - «il y a quelque chose qui ne reste pas clair» -, dénonce néanmoins régulièrement «ce procès jonché d'irrégularités». Anabel Hernandez (Reporte Indigo), rappelle l'importance du contexte : «Depuis le départ cette histoire est troublée par le climat qui règne ici : l'importance des kidnappings et l'inefficacité de notre police. Lors de cette arrestation, on a tous eu envie de croire que, pour une fois, c'était vrai. Mais, depuis, il y a eu des dizaines de cas d'arrestations fabriquées et le cas de Florence Cassez est devenu une référence.»
S'il semble que la Française soit en passe de remporter la bataille médiatique, il lui reste encore à gagner les batailles politique et judiciaire.
http://www.lefigaro.fr/international/2010/09/24/01003-20100924ARTFIG00600-florence-cassez-en-passe-de-gagner-la-bataille-mediatique.php
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