mercredi 3 août 2011

Sur une civière, Moubarak plaide non-coupable

Non-coupable. C'est ce qu'a déclaré Hosni Moubarak, allongé sur une civière, dans le micro qu'on lui tendait, au premier jour de son procès à l'école de police du Caire. Il a rejeté toutes les charges pesant sur lui, notamment corruption et homicides avec préméditation dans le cadre de la répression du mouvement de contestation de janvier-février qui a provoqué sa démission et a fait 840 morts. Les bras derrière la tête, l'ancien président egyptien semblait absent. Ses deux fils, Famal et Alaa, qui tenaient dans leurs mains des copies du Coran et comparaissent pour corruption, ont fait de même. Le procureur avait auparavant estimé que l'ancien "raïs" avait "eu l'intention de tuer de nombreux manifestants dans plusieurs gouvernorats qui protestaient pacifiquement contre la détérioration de leurs conditions de vie".
Les rumeurs sur son état de santé laissaient planer le doute sur sa présence. Le juge Ahmed Refaat, qui préside la cour chargée de juger l'ancien raïs, a demandé le calme absolu pendant toute la durée de cette audience très attendue. Le procès de l'ex-chef d'Etat, qui était hospitalisé à Charm El Cheikh depuis avril, est également retransmis sur un écran installé à l'extérieur du bâtiment. Il est diffusé en direct à la télévision d'Etat. Agé de 83 ans, Moubarak est notamment poursuivi pour corruption et homicides avec préméditation dans le cadre de la répression du mouvement de contestation de janvier-février qui a provoqué sa démission et a fait 840 morts. S'il est reconnu coupable, il est passible de la peine de mort.

L'ancien ministre de l'Intérieur, Habib al Adli, est également appelé à comparaître mercredi pour les mêmes charges que Moubarak. Ces deux derniers sont apparus dans la salle d'audience, habillés de blanc, comme leur père. Le blanc est la tenue réglementaire des prévenus n'ayant pas encore été condamnés. Les avocats d'Adli ont demandé à entendre comme témoin le chef du Conseil suprême des forces armées, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui (> lire notre interview
Procès Moubarak : "l'armée égyptienne craint un déballage" ).

"C'est au delà des mes rêves les plus fous", a réagi Ahmed Farghali, présent avec plusieurs opposants devant l'hôpital de Charm El Cheikh, qui n'imaginait pas voir un jour l'homme fort de l'
Egypte dans le box des accusés.
Sécurité renforcée place Tahrir
L'ex-président a quitté tôt mercredi l'hôpital de Charm el Cheikh à bord d'un convoi motorisé avant de prendre l'avion en direction de la capitale égyptienne. Selon la télévision d'Etat, l'avion de l'ancien président s'est posé sur le tarmac d'une base militaire du Caire et Moubarak a été ensuite été transféré jusqu'au tribunal en hélicoptère. Sur la place Tahrir, emblème de la "révolution du Nil", la sécurité a été renforcée. Des policiers anti-émeutes et des soldats ont été déployés et des dizaines de camions de police sont garés à proximité.

Tôt mercredi, la police a patrouillé dans les rues près de l'hôpital de Charm el Cheikh, bloquant son accès à un groupe de manifestants rassemblés à proximité en scandant "le peuple veut l'exécution de l'assassin." Un petit groupe de partisans de Moubarak se sont rassemblés mercredi près de l'école de police en scandant : "Moubarak, garde la tête haute" et "nous démolirons et incendierons la prison si Hosni Moubarak est condamné."

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