mercredi 27 mai 2015

Procès Bettencourt : le jugement attendu jeudi

Trois mois sont déjà passés depuis la fin du premier procès Bettencourt. Jeudi 28 mai, le président du tribunal de Bordeaux rend son jugement dans deux des différents volets de la tentaculaire affaire : celui pour "abus de faiblesse" où étaient jugés dix prévenus en janvier-février et celui pour "trafic d'influence" qui a vu le retour au tribunal en mars d'Eric Woerth et Patrice de Maistre
L'audience (qui sera à suivre en direct sur notre site à partir de 13h30) devrait durer une heure. Le temps pour le président du tribunal de Bordeaux de détailler chacun des jugements.

Si vous avez loupé des épisodes, retour sur les deux premiers volets Bettencourt :

  • Des chiffres vertigineux

Après cinq semaines intenses de procès pour "abus de faiblesse", dont "il aurait fallu qu'il dure trois mois pour aller au bout des choses" avait regretté le président du tribunal, on aurait presque compris (rassurez-vous, on est rapidement revenu à la vraie vie) cette ancienne secrétaire de Liliane Bettencourt qui gratifiiait de "petits montants" des chèques de 50 000 et 60 000 euros.
"Quand elle lègue 10 millions, c'est 10 jours de revenus" 
"A Lille (procès Carlton avec DSK, ndlr), on avait la démesure du sexe, ici on a la démesure de l'argent", avait résumé Me Chabert, avocat d'un des dix prévenus poursuivis dans ce volet. Pour sa plaidoirie, il avait fait ses petits calculs : "Quand Liliane Bettencourt (dont la fortune est évaluée à 26 milliards d'euros, ndlr) donne 500 000 euros à quelqu'un, ça correspond à 20 jours de ses vacances. Quand elle donne un million d'euros, ça correspond à la moitié de son budget vacances. Quand elle lègue 10 millions, c'est 10 jours de revenus", avait-il détaillé pour faire relativiser l'ampleur des "cadeaux" astronomiques faits aux uns et aux autres. "Un million pour cette femme représente 100 euros pour un Français moyen", avait enchaîné une de ses confrères.
Ces chiffres comme le montant des "cadeaux"  offerts par l'héritière de L'Oréal donnent le tournis, mais ils sont essentiels pour la défense. Car pour qu'il y ait "abus de faiblesse", au-delà de la vulnérabilité de la victime, encore faut-il démontrer que les sommes en jeu furent "gravement préjudiciables" à la milliardaire.
  • Tous victimes ?

"Sept lettres, un mot, qui font défaut. Sept lettres, un mot, que vous, juges de Bordeaux, vous allez pouvoir écrire à la fin du jugement. Ce mot, c'est : victime. (...) La réalité, c'est bien que Liliane Bettencourt est victime de tous les prévenus ici assis", avait plaidé l'avocat -bordelais- de la milliardaire Me Arnaud Dupin.
Face aux accusations d'abus de faiblesse, François-Marie Banier, soupçonné d'avoir profité de son amie milliardaire à hauteur de 400 millions d'euros, avait lui aussi endossé ce statut. La preuve : il était "fou de rage" quand il a appris qu'elle avait fait de lui son légataire universel en 2007 après un brusque changement de testament. Mais comment pouvait-il faire autrement face à une femme "très autoritaire" et "un peu manipulatrice", chuchota-t-il ? Poussé dans ses retranchements sur une assurance-vie de 262 millions contractée, un an plus tôt, par la milliardaire en sa faveur (où la signature de Liliane Bettencourt apparaît tremblotante sur un courrier rédigé par la secrétaire du photographe avec une faute d'orthographe qui fait suspecter le président du tribunal d'une "urgence"), il répondait lui avoir obéi :  "elle voulait le faire vite. Je l'ai fait car elle me l'a demandé. Elle était dans une colère terrible. Avant, je vivais très bien avec mes trois appartements et ma maison de campagne". Et d'ailleurs, il "n'échangerait pas [sa] mobylette contre une Ferrari".
Décrite comme "capricieuse" par son ancienne secrétaire, Liliane Bettencourt était une "femme déterminée" à laquelle n'avait pas su s'opposer son ancien notaire Jean-Michel Normand, jugé pour complicité d'abus de faiblesse pour des actes notariés effectués en faveur du photographe, de son compagnon Martin D'Orgeval et Patrice de Maistre.
Poursuivi pour abus de faiblesse et blanchiment, Patrice de Maistre avait hésité avant d'accepter ce job de gestionnaire de fortune. "J'aurais mieux fait de me casser une jambe". L'ancien homme de confiance de l'héritière de L'Oréal, accusé d'avoir profité de la vulnérabilité de sa patronne pour une donation et une augmentation, avait indiqué à la barre avoir été "plongé" malgré lui dans l'environnement fiscal des Bettencourt et... leurs quatorze comptes non déclarés. 

http://www.sudouest.fr/2015/02/27/amour-argent-et-sante-retour-sur-le-proces-bettencourt-1842525-2780.php

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