Dans l'Est, des milliers de Kurdes ont de nouveau réclamé des réformes en dépit de la promesse faite par Assad d'assouplir les règles en vigueur qui empêchent nombre de Kurdes de prétendre à la citoyenneté syrienne.
Des rassemblements ont eu lieu dans l'ensemble de ce pays de 20 millions d'habitants, du port méditerranéen de Lattaquié à Albou Kamal sur la frontière irakienne. Les manifestations, qui défient les mesures de répression et les promesses de réformes du président Assad, entraient dans leur quatrième semaine.A Deraa, où les troubles avaient commencé le 18 mars, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des milliers de manifestants selon des habitants. Les protestataires ont incendié un bâtiment du parti Baas au pouvoir et déboulonné une statue du défunt frère du président, Basil.
Selon une liste de noms citée par un bénévole de l'hôpital de Deraa et un militant, 17 personnes ont été tuées. Ce chiffre porte à plus de 90 morts le bilan de trois semaines de troubles.
RÉPRESSION ET GESTES SYMBOLIQUES
Les autorités attribuent les violences à des groupes armés et la télévision nationale a diffusé vendredi des images d'hommes cagoulés ouvrant le feu aussi bien sur des manifestants que sur des policiers à Deraa. La Syrie a interdit à d'autres médias de couvrir les événements à Deraa.
"J'ai vu des flaques de sang et trois corps dans la rue ont été emmenés par des proches", a dit un habitant de Deraa à Reuters par téléphone.
"Il y avait des tireurs sur les terrasses. Les blessés sont ramenés chez eux car personne n'ose plus amener un proche à l'hôpital dans ces circonstances", a-t-il ajouté. De nombreux manifestants redoutent d'être arrêtés dans un hôpital.
La mosquée Omari de la ville a de nouveau été transformée en clinique de fortune et ses haut-parleurs diffusaient des appels en faveur d'une assistance médicale, ont dit des habitants.
Onze ans après son accession au pouvoir, Assad est confronté à un mouvement sans précédent dans l'histoire moderne de la Syrie, où l'état d'urgence est en vigueur depuis le coup d'Etat opéré par le parti Baas en 1963.
Le président syrien y a réagi par un mélange de répression brutale des contestataires et de timides gestes d'ouverture, les derniers en date portant sur les droits de la communauté kurde, qui compterait, selon une extrapolation du recensement de 1962, 150.000 personnes considérées comme des étrangers.
Mais en ne levant pas l'état d'urgence et en ne concrétisant pas les ouvertures libérales que son régime faisait miroiter, Assad n'a pas apaisé la rue. La levée des lois d'urgence constitue l'une des principales revendications du mouvement.
Bachar al Assad, qui a succédé à son père Hafez en 2000, a ordonné à une commission d'élaborer une législation antiterroriste censée se substituer à l'état d'urgence, mais ses opposants estiment que l'Etat disposera des mêmes prérogatives.
MANIFESTATIONS KURDES
A Kamishli, dans le nord-est du pays, de jeunes Kurdes scandaient : "Pas de Kurdes, pas d'Arabes. Le peuple syrien est un. Nous saluons les martyrs de Deraa."
Assad a promis d'assouplir l'acquisition de la citoyenneté syrienne, mais on ignore quelle proportion de Kurdes en bénéficieront. Aux termes d'un recensement réalisé en 1962 dans la région orientale d'Al Hasaka, au moins 150.000 Kurdes étaient considérés comme étrangers.
Des manifestations ont aussi éclaté à Homs, dans le centre du pays, au nord de Damas.
A Hama, où des milliers de personnes avaient été tuées en 1982, les forces de sécurité ont fait usage vendredi de canons à eau et de bombes fumigènes pour disperser une manifestation d'environ 2.000 personnes, ont dit des habitants.
Selon ces derniers, la manifestation se déroulait dans l'ancien quartier de la ville, qui fut rasé par les forces de sécurité lors du soulèvement de 1982.
Des militants ont par ailleurs fait état de coups de feu vendredi à Harasta, faubourg de Damas. A Douma, autre banlieue de la capitale qui a connu de grandes manifestations ces jours derniers, le réseau téléphonique était hors d'usage vendredi.
A Damas, un Occidental habitant le quartier de Kfar Souseh a dit que la police et les partisans d'Assad avaient attaqué et matraqué des manifestants à la sortie de la mosquée Rifaï.
Le changement de Premier ministre décidé par Assad n'est guère de nature à satisfaire les opposants dans un pays où le gouvernement a peu d'influence. Selon l'agence officielle Sana, le nouveau cabinet sera présenté la semaine prochaine.
Le dirigeant d'opposition Maamoun al Homsi a réclamé une initiative internationale. "Des massacres sont perpétrés en Syrie. Le monde doit intervenir", a-t-il dit à Reuters. "En Libye, (le monde) a agi et le peuple a des armes. En Syrie, ils ne sont pas armés. C'est un appel à la conscience des Nations unies."
http://fr.news.yahoo.com/4/20110408/twl-syrie-contestation-deraa-38cfb6d.html
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