La rébellion a posé le départ de Mouammar Kadhafi comme préalable à toute solution diplomatique au conflit libyen alors que doit se tenir mercredi à Doha une réunion du Groupe de contact sur la Libye, chargé de piloter le volet politique de l'intervention internationale.
A la veille de cette réunion à laquelle doivent participer une vingtaine de pays et d'organisation régionales et internationales, la France et le Royaume-Uni ont exhorté leurs alliés au sein de l'Otan à intensifier leurs efforts pour éviter un enlisement de la situation.
"Nous n'accepterons aucune initiative pour un règlement politique si le départ de Kadhafi et de ses fils de Libye ne figure pas en tête", a déclaré mardi un porte-parole de la rébellion, Mahmoud Chammam.
Lundi soir, le chef du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, avait déjà rejeté dans les mêmes termes un cessez-le-feu proposé par une délégation de l'Union africaine (UA) et accepté dimanche par le colonel Kadhafi.
L'UA proposait la cessation immédiate des hostilités, un acheminement de l'aide humanitaire et le lancement d'un dialogue en vue d'une transition, mais pas le départ du dirigeant libyen, au pouvoir depuis plus de 40 ans et confronté depuis mi-février à une rébellion sans précédent.
Le président congolais, Denis Sassou Nguesso, qui faisait partie de la délégation de l'UA, a cependant affirmé à Brazzaville que celle-ci avait "laissé la porte entrouverte pour poursuivre les discussions" pour "une véritable transition qui donnera au peuple libyen la possibilité de déterminer son destin".
Le CNT, qui n'est reconnu que par la France, l'Italie et le Qatar, a souhaité obtenir "une reconnaissance claire et officielle" de la part de Washington lors de la réunion de Doha.
Selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), près de 500.000 personnes ont fui les violences en Libye.
Un représentant du CNT a affirmé que les combats avaient fait 10.000 morts, 30.000 blessés et 20.000 disparus.
Le président russe, Dmitri Medvedev, a estimé que les dirigeants libyens devaient partir "pour donner à leur pays la possibilité de se développer".
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a réaffirmé qu'il n'y avait pas d'avenir "viable" pour la Libye sans un départ de M. Kadhafi, au lendemain de nouvelles déclarations en ce sens de Washington.
Parallèlement, la France et le Royaume-Uni ont pressé les autres pays de l'Otan intervenant en Libye de maintenir et intensifier leurs efforts. Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a déploré notamment que Paris et Londres supportent "l'essentiel" de l'effort de la coalition.
Plusieurs alliés comme l'Espagne et l'Italie ont néanmoins exprimé des réserves, Madrid jugeant qu'une intensification "n'est pas nécessaire" et que "l'action de l'Otan se déroule bien".
Mercredi soir, le président français, Nicolas Sarkozy, doit recevoir à dîner le Premier ministre britannique, David Cameron, pour un entretien consacré "essentiellement" au conflit en Libye.
"Avec les moyens dont nous disposons, nous faisons un bon travail", a assuré de son côté le général Mark van Uhm, chef des opérations conjointes de l'Alliance.
Sur le terrain, trois civils ont été tués lundi par des tirs des pro-Kadhafi à l'ouest d'Ajdabiya (est), ville stratégique à 160 km au sud de Benghazi, reprise par les rebelles au terme de violents combats qui ont fait une cinquantaine de morts ce week-end.
La ville était relativement calme mardi matin, même si la fébrilité régnait parmi les insurgés, selon un journaliste de l'AFP. Un simple coup de feu a ainsi déclenché une chasse au sniper chaotique qui s'est soldée par un blessé chez les rebelles... victime d'un tir ami.
L'autre point sensible restait Misrata, bastion rebelle à 200 km à l'est de Tripoli bombardé depuis sept semaines. Dans le centre-ville les façades étaient criblées d'impacts et les voies obstruées par des engins détruits, selon un journaliste de l'AFP.
"Des combattants, nous en avons assez. Plus de 500. Ce qu'il nous faut, ce sont des armes modernes (...). Avec de vraies armes, nous les chasserions de Misrata en quelques jours", a assuré un rebelle se présentant comme l'un des chefs.
Le porte-parole du régime libyen, Moussa Ibrahim, a indiqué mardi soir que le gouvernement faisait "de son mieux pour la population de Misrata" et avait autorisé dimanche un navire humanitaire turc à s'y rendre.
L'Organisation internationale pour les migrations (OMI) a envoyé un bateau vers Misrata pour tenter d'évacuer les milliers de migrants qui s'y trouvent bloqués. Et les pays européens ont poursuivi les préparatifs en vue d'une mission humanitaire en faveur de ses 300.000 habitants, malgré les menaces de riposte de Tripoli et les hésitations de l'ONU.
Des accrochages ont par ailleurs eu lieu autour de Zenten et près de la frontière tunisienne, où les rebelles tentaient d'empêcher les forces pro-Kadhafi de couper les communications entre les localités de cette zone montagneuse à majorité berbère.
D'intenses bombardements ont visé mardi les abords de la ville de Nalout, dans l'ouest de la Libye, provoquant un exode important de populations vers le poste-frontière tunisien de Dehiba, à une quarantaine de km à l'ouest, selon des témoignages concordants recueillis par l'AFP.
Après avoir détruit une cinquantaine de chars des pro-Kadhafi le week-end dernier, l'Otan a annoncé en avoir mis lundi et mardi 9 autres hors d'état de nuire -- cinq à Misrata et quatre près de Zenten.
http://www.lepoint.fr/monde/libye-la-rebellion-veut-le-depart-kadhafi-reunion-du-groupe-de-contact-13-04-2011-1318637_24.php
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