Les termes sont sans ambigüité et reflètent la position désormais affichée par l'Otan : il s'agit bel et bien d'obtenir une éviction de Kadhafi. Réunis à Berlin, les chefs de la diplomatie des pays membres de l'Alliance ont adopté une déclaration en trois points, qui devront être satisfaits avant qu'il puisse être question d'un cessez-le-feu. Toutes les attaques contre les civils doivent cesser. Les militaires doivent retourner dans leurs casernes et se retirer de toutes les villes où elles sont déployées ou qu'elles assiègent, telles Ajdabiya, Brega, Misrata et neuf autres dans l'ouest comme dans l'est du pays. Enfin, une aide humanitaire doit pouvoir être fournie en toute sécurité à tous ceux qui en auraient besoin. Dans cette même déclaration, l'Otan a "endossé fermement" l'appel au colonel Kadhafi à se retirer, lancé par le Groupe de contact chargé du pilotage politique de l'intervention internationale, réuni mercredi à Doha. C'est la première fois que l'Otan se prononce aussi clairement et unanimement sur la nécessité du départ du pouvoir du leader libyen.
L'Otan demande "quelques avions"
Mais si les mots sont forts, les gestes politiques le sont beaucoup moins. Car personne, au sein de l'Otan, ne se presse de s'engager plus avant dans une intervention militaire dont toutes les limites commencent à apparaître. Si les forces de l'Otan ont la suprématie des airs, les troupes pro-Kadhafi ont adopté des tactiques de guérilla, circulant désormais en pick-up, ce qui les rend difficiles à distinguer des rebelles depuis les airs, et se camouflant dans des zones urbaines. Les Etats-Unis ont ainsi refusé jeudi de revenir en première ligne en Libye. Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a indiqué à la presse qu'il en avait parlé à la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, en marge de la réunion des chefs de la diplomatie de l'Otan à Berlin. Mais les Américains, qui ont retiré une cinquantaine de chasseurs-bombardiers des missions d'attaque au sol le 4 avril, ont répondu qu'ils "continueront sur la même ligne, c'est-à-dire fournir des avions pour des interventions ponctuelles lorsque les moyens dont ils disposent sont particulièrement utiles", a expliqué Alain Juppé.
Le commandant en chef de l'Otan en Europe, l'amiral James Stavridis, a confirmé aux ministres avoir demandé il y a déjà plusieurs jours aux alliés de lui fournir "quelques avions", a indiqué pour sa part le secrétaire général de l'Alliance atlantique Anders Fogh Rasmussen. Mais aucun pays européen n'a répondu à cette demande bien que six Etats membres de l'Otan seulement sur un total de 28 autorisent leurs avions à effectuer des frappes air-sol.
En Libye, le camp Kadhafi réagit à ces menaces. Aisha Kadhafi, fille du dirigeant libyen, a affirmé jeudi soir devant des centaines de jeunes partisans du régime que demander le départ de son père du pouvoir était une "insulte pour tous les Libyens". "Vous voulez tuer mon père sous prétexte de protéger les civils. Où sont ces civils? S'agit-il de ceux qui portent des mitraillettes, des RPG et des grenades?", a-t-elle lancé en allusion aux insurgés. Quant à Mouammar Kadhafi lui-même, il s'est offert jeudi une sortie dans les rues de Tripoli, qui a coïncidé avec les derniers raids de la coalition dans la ville, a annoncé la télévision libyenne. Lunettes noires et chapeau, le buste projeté par le toit ouvrant d'une voiture tout-terrain roulant lentement, le colonel Kadhafi a salué les passants en levant les poings, selon les images diffusées par la télévision.
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