jeudi 29 septembre 2011

Journalistes espionnés: vers une mise en examen du procureur Courroye

Le procureur de Nanterre Philippe Courroye a été convoqué en vue d'une mise en examen par la juge d'instruction parisienne en charge de l'enquête sur la violation des sources de trois journalistes du Monde dans l'affaire Bettencourt.
Sylvia Zimmermann "est très, très déterminée. Elle ira jusqu'au bout", a prévenu une source proche du dossier, alors que le procureur Courroye s'est indigné d'une "mise en cause calomnieuse".

La magistrate, en charge d'une information judiciaire notamment pour "atteinte au secret des correspondances par personne dépositaire de l'autorité publique", tente de déterminer si le magistrat, irrité par l'annonce d'une perquisition par le quotidien, a illégalement tenté de découvrir qui informait en 2010 deux journalistes du Monde travaillant sur l'affaire Bettencourt.

Elle travaille sur un autre volet, visant cette fois la police. Sur cet aspect, les patrons de la police nationale (DGPN) et du renseignement intérieur (DCRI), Frédéric Péchenard et Bernard Squarcini, devraient être entendus courant octobre en qualité de témoins assistés.

Concernant Philippe Courroye, Le Monde publie des extraits d'une audition d'un enquêteur de l'Inspection générale des services (IGS, la police des polices) qui pourrait s'avérer compromettante pour un magistrat réputé proche du pouvoir, ce dont il se défend.

Le policier y explique que la surveillance téléphonique des journalistes avait été menée par son service en 2010 à l'instigation du cabinet de Philippe Courroye qui "demandait très précisément les fadettes des deux journalistes" du quotidien, Raphaëlle Bacqué et Jacques Follorou.

L'IGS, dont les locaux ont été perquisitionnés mardi, a "rendu compte à sept reprises au parquet de Nanterre entre le 9 septembre et le 6 octobre 2010" et "à chaque fois, les magistrats nous demandaient de pousser nos investigations", détaille le policier.

La juge devrait également entendre comme témoin assisté Marie-Christine Daubigney, bras droit de Philippe Courroye au parquet de Nanterre.

Dans un communiqué, le procureur et son adjointe "s'indignent de cette mise en cause calomnieuse, contestent formellement les infractions visées et émettent les plus grandes réserves sur la régularité de la procédure engagée". L'avocat de Philippe Courroye, Me Jean-Yves Dupeux, a indiqué à l'AFP qu'il envisageait une plainte pour dénonciation calomnieuse.

Mme Zimmermann devrait également entendre MM. Péchenard et Squarcini dans l'autre volet de cette affaire. Les deux responsables policiers devront expliquer dans quelles circonstances a été menée par la DCRI, à l'été 2010, une enquête visant à identifier la source d'un troisième journaliste du Monde, Gérard Davet, travaillant également sur l'affaire Bettencourt.

Pour l'heure, MM. Péchenard et Squarcini ont reçu le soutien de Claude Guéant, qui a rappelé qu'à l'époque des faits, il n'était pas encore ministre de l'Intérieur, poste alors occupé par Brice Hortefeux.

"Je condamnerai ce qu'a fait la DCRI si la justice dit que c'est irrégulier" et pour l'heure elle "ne l'a pas dit", a récemment répondu le ministre aux députés socialistes qui l'interpellaient.

Début septembre, Frédéric Péchenard a assumé avoir ordonné l'enquête visant à identifier la source des fuites dans l'enquête Bettencourt.

Cette saga familiale a viré à l'été 2010 au scandale politico-financier. L'ex-comptable de la milliardaire Liliane Bettencourt, Claire Thibout, a confirmé mercredi dans Libération les accusations qu'elle avait portées devant les enquêteurs. Elle a notamment répété l'épisode des 50.000 euros qui auraient été destinés à Eric Woerth, trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

M. Woerth n'est pour l'heure pas judiciairement mis en cause dans ce dossier, désormais instruit à Bordeaux.
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hEOxPYAw6ihilhHyDGqrdMQzXIFQ?docId=CNG.b7fb8d19a7464b44e5d92e27bcaaacfb.541

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