vendredi 28 octobre 2011

Affaire Karachi : perquisition chez un ex-policier des RG

Le domicile de l'ancien commissaire des Renseignements généraux Patrick Rougelet a été perquisitionné jeudi matin dans le cadre de l'enquête sur le volet financier de l'attentat de Karachi. Cette initiative s'inscrit dans le cadre des recherches ordonnées par les juges Van Ruymbeke et Le Loire pour tenter de retrouver des écoutes clandestines qui auraient visé, de 1994 à 1995, des personnalités liées à la campagne présidentielle d'Édouard Balladur et à l'industrie de l'armement, comme le révèle cette semaine Le Point.
Selon des témoignages récemment recueillis par les policiers de la Division nationale des investigations financières (DNIF), Patrick Rougelet aurait commandité des missions d'espionnage à un militant associatif de Garges-lès-Gonnesse, Akim Rouichi, afin d'informer les réseaux chiraquiens sur d'éventuels financements occultes du camp balladurien. Le jeune homme avait été retrouvé pendu quelques mois après l'élection, en août 1995. Accusé d'avoir diligenté des enquêtes parallèles, Patrick Rougelet a été révoqué de la police nationale l'année suivante. Il a déclaré au Point n'avoir "jamais rencontré" Akim Rouichi. Selon son avocat, Me Daniel Vaconsin, "il se dit étranger à cette affaire" et aucun document n'aurait été trouvé chez lui.
Une note interne à l'état-major de campagne d'Édouard Balladur, datée d'avril 1995, atteste qu'Akim Rouichi s'était rendu au QG du candidat pour proposer de "vendre" des enregistrements de conversations téléphoniques parce qu'il disait avoir été "lâché" par ses commanditaires. Selon ce document, "ces enregistrements concernaient notamment François Léotard et Renaud Donnedieu de Vabres, ainsi que plusieurs dirigeants d'entreprises d'armement". L'auteur de la note, Jean-Charles Brisard, a précisé aux enquêteurs que les conversations interceptées portaient sur des contrats de livraison de matériel militaire et "sur l'état d'avancement du programme Agosta" - c'est-à-dire le contrat de vente de sous-marins au Pakistan qui est au coeur de l'enquête sur l'attentat de Karachi.
Deux commanditaires ?
Le même document mentionne qu'Akim Rouichi avait désigné deux commanditaires pour ses missions d'espionnage : outre Patrick Rougelet, il avait cité le nom de Jacques Delebois, ancien de la DST et figure des réseaux de la droite policière. Jacques Delebois avait été impliqué en 1973 dans l'affaire des micros du Canard enchaîné et, en 1986, dans le scandale du vrai-faux passeport de l'affaire Carrefour du développement, imbroglio financier qui impliquait un ministre socialiste. Selon le jeune homme, les deux policiers lui avaient fourni un matériel d'interception comprenant un "scanner fréquentiel" et lui donnaient les numéros de téléphone à espionner.
Lui aussi interrogé par la DNIF, le frère d'Akim Rouichi affirme avoir entendu plusieurs des enregistrements effectués par son frère dans lesquels était évoqué le versement de "commissions". Selon lui, des discussions avec Charles Pasqua auraient également été captées. Après la mort d'Akim Rouichi, l'ordinateur de celui-ci et les disquettes sur lesquelles il avait copié certaines écoutes n'ont pu être retrouvées. Déclenchée par une plainte contre X de la famille pour "assassinat", l'enquête avait conclu à un suicide, en 1998. Le frère de la victime affirme aujourd'hui qu'avant son décès, il avait fait état de "menaces" liées à ses enregistrements.
http://www.lepoint.fr/societe/affaire-karachi-perquisition-chez-un-ex-policier-des-rg-27-10-2011-1389698_23.php

Aucun commentaire: