mercredi 5 octobre 2011

Syrie: l'Occident veut une résolution sur la répression, Moscou s'y oppose

La Russie a jugé mardi "inacceptable" la dernière version du projet de résolution des Occidentaux au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie, malgré le retrait d'une référence directe à des sanctions.
Dans ce projet de résolution, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Portugal ont préféré parler de "mesures ciblées" plutôt que de "sanctions", afin de rallier les autres pays du Conseil de sécurité.
Ce projet, qui a fait l'objet d'intenses consultations ces derniers jours, est "malheureusement loin de nous satisfaire et toutes nos inquiétudes n'ont pas été prises en compte", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, à l'agence Interfax. "C'est pourquoi le texte que les Occidentaux s'apprêtent à mettre au vote est inacceptable pour nous".
M. Gatilov a souligné que Moscou souhaitait une résolution mettant l'accent sur la nécessité du dialogue politique en Syrie et que la pression soit mise aussi bien sur l'opposition que sur le régime du président Bachar al-Assad.
Dans un dernier projet de résolution, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Portugal ont préféré parler de "mesures ciblées" plutôt que de "sanctions" afin de rallier les autres pays du Conseil de sécurité.
La Russie, pays allié de la Syrie et membre permanent du Conseil de sécurité, a bloqué ces dernières semaines tout projet prévoyant des sanctions contre le régime de Bachar al-Assad.
Entre-temps sur le terrain, la répression, qui a fait depuis la mi-mars plus de 2.700 morts selon l'ONU, a fait de nouvelles victimes à travers la Syrie.
Ainsi, trois civils ont péri à Homs (centre), a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) ajoutant ainsi que des militants que six corps, dont ceux de deux enfants, ont été retrouvés dans les rues de la ville. Dans le nord-ouest de la Syrie, trois soldats et un civil ont été tués dans des accrochages.
Toujours selon l'OSDH, le militant communiste Moustapha Ahmad Ali, 52 ans, a été assassiné lundi soir à Homs.
En outre, neuf étudiants ayant participé à des manifestations mardi ont été arrêtés au lycée As-Saoura dans la ville côtière de Banias. Ils avaient appelé à la chute du régime.
A l'étranger, Amnesty international a dénoncé une campagne contre les protestataires syriens en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique latine qui sont "systématiquement surveillés et harcelés" par leurs ambassades.
Amnesty cite les cas de plus de 30 militants au Canada, au Chili, en France, en Allemagne, en Espagne, en Suède, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis "qui ont été l'objet d'intimidations de la part d'officiels dans les ambassades" de ces pays, et "dont les proches en Syrie ont été harcelés, arrêtés et parfois torturés".
Et Paris a mis en garde le régime syrien contre tout acte violent ou d'intimidation en France contre des opposants syriens, dont certains ont été victimes d'agressions au cours des dernières semaines.
Pour sa part, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a assuré lundi que la chute du régime syrien n'est qu'"une question de temps". Les Etats-Unis et d'autres gouvernements ont "clairement fait savoir qu'Assad devait quitter le pouvoir", a déclaré M. Panetta.
Entre-temps, Washington a maintenu l'interdiction frappant la vente d'équipements de télécommunications à la Syrie. "Toutes les transactions relatives à la réception et à la transmission de télécommunications avec la Syrie sont autorisées, à condition qu'aucun paiement effectué en application de cette licence générale n'implique" l'Etat syrien ou des personnes figurant sur la liste des celles dont les actifs sont gelés en vertu des différents programmes de sanctions visant la Syrie depuis 2004, selon un document du Trésor.
De son côté, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui entretenait jadis des liens d'amitié avec le Président Bachar al-Assad, a annoncé mardi que son pays prendrait rapidement des sanctions contre le régime syrien, selon l'agence de presse Anatolie.
"On ne peut pas rester en spectateur face à ce qui se passe en Syrie. On tue des innocents et des gens sans défense. On ne peut pas dire: laissons les choses continuer comme cela", a-t-il déclaré lors d'une visite officielle en Afrique du sud.
"Nous annoncerons un calendrier de sanctions après une visite à Hatay", a dit M. Erdogan précisant qu'il se rendrait ce week-end ou la semaine prochaine dans cette ville proche de la frontière syrienne où des milliers de réfugiés syriens fuyant la répression sont hébergés dans des camps de toile. "Nous avons déjà annoncé certaines mesures qui ne peuvent attendre".
M. Erdogan condamne aujourd'hui ouvertement le régime de Damas et la répression contre les manifestants. La Turquie accueille en outre régulièrement des réunions d'opposants syriens.
A Damas, le gouvernement a annulé une loi adoptée la semaine dernière sur la suspension des importations de produits de luxe et de voitures annonçant cependant "la réduction du financement par la Banque centrale des produits importés par le secteur privé".
http://www.lepoint.fr/monde/syrie-l-occident-veut-une-resolution-sur-la-repression-moscou-s-y-oppose-04-10-2011-1380623_24.php

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