mardi 7 décembre 2010

Affaire Bettencourt - L’image brisée du procureur de Nanterre

Hormis Eric Woerth, une autre personnalité a été victime de cette bataille familiale en trompe-l’œil, sous le regard des médias : le procureur de Nanterre, Philippe Courroye. Proche de Nicolas Sarkozy, qui lui avait remis la Légion d’honneur avec des termes on ne peut plus chaleureux, ce magistrat implacable qui avait fait condamner Patrick Poivre d’Arvor, les ministres chiraquiens Michel Noir, Alain Carignon et Pierre Bédier, ainsi que l’indépendantiste corse Charles Pieri, a longtemps été soutenu par sa hiérarchie et par ses pairs, en dépit ou à cause de ses relations tendues avec les prévenus et leurs avocats. Il a bénéficié d’une forte image de compétence et d’indépendance, et le poste de procureur de Paris lui a été promis par le chef de l’Etat.


Seuls les spécialistes savaient que l’homme avait évolué, qu’il courait les dîners en ville, sans craindre le mélange des genres, comme lorsqu’il avait convié à sa table le patron de Casino, Jean-Charles Naouri, et le policier qui traitait sa plainte contre les anciens propriétaires de la société…


L’affaire Bettencourt a tout fait exploser. Les écoutes du maître d’hôtel ont prouvé que le pouvoir était au courant, deux mois à l’avance, avec la date exacte, d’une décision de non-lieu qu’il allait prendre. Elle concluait une volte-face, consécutive à une rencontre entre Liliane Bettencourt et Nicolas Sarkozy, alors qu’il avait précédemment placé en garde à vue François-Marie Banier et demandé une expertise médicale de la vieille dame. Sa querelle, totalement irrationnelle, avec Isabelle Prévost-Desprez, présidente de chambre à Nanterre, a sidéré tous les magistrats de son tribunal. Tout comme son refus systématique de désigner un juge d’instruction indépendant en raison des risques politiques, pour Eric Woerth entre autres, que cela impliquait.


Après avoir vu le poste de procureur de Paris lui échapper, Courroye a exigé du pouvoir un blanc-seing pour gérer cette affaire à sa main. Il l’a obtenu, jusqu’à ce que Nicolas Sarkozy se rende compte que l’activisme du procureur était politiquement contre-productif. C’est alors qu’il a été lâché en rase campagne, toutes ses enquêtes étant « dépaysées » vers Bordeaux, et des juges d’instruction désignés. Et son image brisée.


http://www.francesoir.fr/faits-divers-justice/affaire-bettencourt-l-image-brisee-du-procureur-de-nanterre.67115

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